Voilà un combo bien surprenant : derrière sa carapace d’enfant terrible du rock se cache un trio plus fin que la moyenne, ayant retenu les leçons d’écriture majestueusement cockney d’un Ray Davies. Ca tombe bien, Mower est aussi originaire de la patrie de la pop anglaise.


Le second album de Mower s’ouvre sur « After Dark » une bombe rock n’roll au riff bulldozer qui ne laisse aucun répits à l’auditeur. Le genre de chanson déglinguée qui ne laisse aucun doute sur la nature du combo : du rock bien gras dans l’air du temps. Mais l’habit encore une fois ne fait pas le moine, et dès la plage suivante de People are cruel, cette formation britannique révèle une personnalité plus affirmée que la moyenne des groupes à guitare se revendiquant de l’affiliation garage. Chassez le naturel, il revient au galop qu’il disait…

Mower s’articule autour de Matt Wower (cela va de sens me diriez-vous), principal songwriter et unique membre originel. En effet, une première monture du groupe existait dès 2000 et avait sorti un album courant 2001 chez Transcopic le label de Graham Coxon (ex-Blur). Malheureusement, peu après la parution de ce premier long format le groupe se disloque, tout est à refaire pour Matt. Notre ami se retrouve seul à la barre, mais ne baisse pas les bras et décide courageusement de partir promouvoir seul son album mort-né.

L’accueil enthousiasmant de cette mini-tournée le réconforte et le pousse à ressusciter son groupe défunt. Sur son chemin, il rencontre deux partenaires de jeux idéaux : Nash, jolie brunette à la basse, et John Barrett au poste de batteur (cousin de Syd, non je plaisante). Très vite, cette nouvelle formule plus brute adhère et un nouveau répertoire se forme. Le single « Rest In Peace » (Avril 2002) est le témoin de ce revigorant lifting. A la fin de l’année, Mower 2.0 passe aux choses sérieuses et enregistre à Londres son second album.

Produit par le magistral Stephen Street (les Smiths, c’est lui), People are Cruel prouve que le rock en Angleterre ne s’arrête pas seulement aux Libertines et peut offrir autre chose que des riffs binaires avec date de péremption ultra-courte.
Pour définir le son de Mower, imaginez un XTC de première fougue complétée d’un second guitariste du nom de Jon Spencer, vous pourrez vous faire une idée de comment sonne ce trio.

Car la musique de ces londoniens peut devenir un véritable caméléon. « No one is royalty » lorgne scrupuleusement vers du Manic Street Preachers tandis que « Rest in peace » demeure le plus bel exercice de style Kinksien entendu de longue date. D’autres bombes disséminées minutieusement sur l’album refont parler la poudre tel ce « Cruel Nature » dont le refrain emporte la voix de Matt Mower à la limite de la strangulation. Et même si les textes n’ont pas le même impact qu’un Ray Davies, la qualité mélodique est là.

Il est surprenant de voir un groupe anglais attaché à ses racines (à savoir ce fameux héritage pop) capable en même temps de distiller des harmonies pop lumineuses tout en fructifiant la formule d’un Kurt Cobain (couplet calme, refrain vengeur). Mower surprend réellement et devrait créer une petite surprise chez les afficionados de turie rock n’pop.

– Le site de Mower

-Pour écouter « After Dark », c’est