Une tache hardue que de sélectionner quelques nouveaux artistes français parmi la pléthore sortant chaque semaine. Sur une liste non exhaustive et porté par des coups de coeur, voici un panorama de quelques fines lames n’ayant pas toujours une couverture médiatique digne de leur valeur.


Si nous devions nous tourner vers un label pour cette rentrée automnale, on choisirait Dernière Bande qui sous le feu de la rampe projette trois artistes déjà incontournables.
Automne Six est la rencontre entre Stefan Schneider, To Rococo Rot, et Philippe Poirier, musicien chez Kat Onoma mais aussi compositeur pour Françoiz Breut ou Dani entre autres. Ces deux laborantins sculptent des mélodies mêlées à une multitude de samples qui font la part belle aux séquenceurs. Une recherche sur le son où chaque note se doit d’être la bonne, sans pour autant être étouffée de prouesse technique et studios.

Automne Six « Automne Six » (Dernière bande/Wagram)

Plus confidentiel, Frigo, trio de Quimper, mélange le rock à l’électro. Entre Kraftwerk ou Swell, influences revendiquées, les six titres de Teleportation happe l’auditeur de ces boucles et guitares mordantes pour un voyage interstellaire. Une voix cosmique au milieu de cette ambiance lunaire renforce l’idée d’avoir à faire à une musique d’ailleurs, un autre paradis.

Frigo « Teleportation » (Dernière bande/Wagram)

En parlant d’Eden, l’album de Jeanne Balibar, toujours chez Dernière Bande, en est un reflet. Composé en grande partie par Rodolphe Burger, Paramour est porté par la voix grave de Balibar et la guitare envoûtante de l’alsacien. Une parfaite osmose et un album qui vaut une nomination aux Pinkushion Awards loin des disques bien fades de ces consoeurs actrices ou top models.

Jeanne Balibar « Paramour » (Dernière bande/Wagram)
– Le site officiel de Dernière Bande


Du côté des auto produits, Ralph nous gratifie d’un huit titres Zootology sorti sur le label We are the ze world. Ralph développe une musique groovy entre rock et funk qui se rapproche des ambiances créées par Prince, Living Colour ou Sinclair. Seul titre chanté en français « Schwartzology » avec son violon hypnotique donne le ton à l’album où les guitares chahutent un chant à la Prince.

Ralph « Zootology » (We are the ze world/Next music)
– Le site de Ralph

– Le site officiel du Label WearezeworlD


Arman Mélies avec Le long train lent et les beaux imbéciles serait un peu le cousin de Sylvain Chauveau tant leurs atmosphères sont proches. Mélies a le goût de l’amer, de la perte liée à l’intime qui laisse des traces indélébiles. Le spleen est ici traité avec profondeur, retenu et beauté. A l’écoute du disque, proposé par Bizarre K7, on se dit que le gris n’est pas toujours une couleur triste, que la lumière peut traverser cette peau blessée, enfin une lumière voilée. Comme disait Victor Hugo « la mélancolie c’est le bonheur d’être triste ».

Arman Mélies « Le long train lent et les beaux imbéciles » (Bizarre K7)
– Le site de Arman Mélies


Pour ceux qui ont lu « L’Idiot » de Dostoïevski, ROGOJINE dira quelque chose. Pour les autres, il est le quartette riomois, qui ne partagent pas que la région auvergnate avec Murat mais une grammaire et des guitares distinguées. D’ailleurs pendant un temps, le batteur a fait ses armes chez Murat et une partie de Rogojine s’amuse à déjouer les codes de la pop musique avec les Rancheros.
Le bord de l’eau…et la rivière plate est un album qui puisent ses sources chez Neil Young, Sparkelhorse. Dans la course aux climats éthérés, Tue Loup a trouvé un allié en Rogojine.

Rogojine « Le bord de l’eau…et la rivière plate » (Sophiane Productions/Discograph)
– Le site de Rogojine


Robin Leduc après avoir fait ses armes au sein de Only Paradise sort un premier album éponyme dont les sonorités se jouent de l’électronique façon french touch et de la pop anglaise. Même si cette dernière influence semble être le moteur de ce premier opus, ce jeune loup dévoile derrière des textes écrits en français son attachement à une écriture apprise en écoutant Gainsbourg, Brel ou Ferré. Un disque prometteur qui ne restera pas inaperçu.

Robin Leduc « Robin Leduc » (V2)
– Le site officiel de V2


Un autre artiste qui est déjà incontournable tant son album a fait couler d’encre par sa qualité musicale est Cali. L’amour parfait est un premier album quasiment parfait car il est rare de voir une telle maîtrise des arrangements et des mots se balancer dans des rythmes dansant et dévergondés pour une première sortie. Les relations entre couples, les déchirures n’ont jamais été aussi bien décrites et mises en musique depuis Miossec. Souhaitons pour Cali de connaître la même carrière.

Cali « L’amour parfait » (Labels)
– Le site de Cali

– Le site officiel de Labels


Dans un style différent de Cali, Agoria redonne des couleurs à la techno française sur Blossom. On ne peut pas parler pour autant de relève puisque Sébastien Devaud est un habitué de la scène électronique, dj depuis une dizaine d’années écumant les soirées plus ou moins mondaines. En s’entourant d’un parterre d’invités imposant (Tricky, Sylvie Marks, Ann Saunderson), Blossom fait danser les genres et par la même occasion l’auditeur en transe. Gageons que cet album déjà indispensable sur les dance-floors s’emparera des mémoires.

Agoria « Blossom » (Different/Pias)
– Le site officiel de Pias


Pour refermer cette revue accélérée des albums hexagonaux du moment, le dernier mot reviendra à un suisse de Lausanne. Jérémie Kisling se charge de rappeler que la langue ne connaît pas de frontière et n’est jamais aussi belle qu’écrite par des non français. Monsieur obsolète reprend la chanson où Katerine et Boogaerts l’ont laissée à savoir sur une aire de jeu ludique entre sonorités sixties et cabarets de luxe. L’humour et la fantaisie associés à un univers espiègle montre à travers ce disque que la chanson française est une chimère merveilleuse.

Jérémie Kisling « Monsieur obsolète » (Note a Bene/Naïve)
– Le site de Jérémie Kisling

– Le site officiel de Naïve