Entre règlement de compte avec Jack White et déclarations provocatrices, The Von Bondies n’ont pas oublié l’essentiel : la musique. Ils sortent leur deuxième album – Ou comment nous rappeller que le rock peut aussi être moite et sexy.


Qui aurait pu parier, il y a 5 ans, que le rock connaîtrait un nouvel essor, via une vague de nouveaux groupes, venant pour la majorité des pays anglo-saxons ? Pas grand monde, soyez honnêtes. Ça a commencé à peu près au même moment, pour les roitelets de New York, les Strokes, comme pour le duo de Detroit, les White Stripes. Du jour au lendemain, ils se sont retrouvés sous les feux des projecteurs, faisant la couverture des mythiques NME et Rolling Stone.

Mais revenons un petit moment aux White Stripes, et à Detroit. La scène rock là-bas y est fourmillante, et voit éclore de nouveaux groupes prometteurs assez régulièrement. Les derniers en date ? The Von Bondies et Blanche. C’est justement lors d’un concert donné par le groupe Blanche, à la veille d’une tournée commune avec les White Stripes, que les Von Bondies ont donné un coup de boost à leur popularité. Jason Stollsteimer, le chanteur des Von Bondies, avait auparavant lâché quelques phrases qui avaient très sérieusement irrité notre ami Jack White.

Il est vrai que c’est lui qui les a pris sous son aile, et a produit leur premier album, Lack Of Communication. Jack aime dire à la presse qu’à Detroit, les rockeurs forment une grande famille, dont font partie The Von Bondies. Mais Jason Stollsteimer ne l’entend pas de la même oreille, en clamant haut et fort qu’ils n’ont rien à voir avec Detroit, qu’ils n’appartiennent pas à Jack White. Si bien que le fameux soir où Blanche donne son dernier concert avant la tournée, tout le petit monde est réuni, et Jack croise Jason. Ça commence à causer, ça s’énerve vite, et Jack met tout simplement la tête au carré à Jason. Et, du jour au lendemain, tout le monde connaît Jason Stollsteimer.

Bref, depuis ce coup d’éclat, la bande à Jason a publié son deuxième album, Pawn Shoppe Heart, produit par Jerry Harrison, figure du rock indépendant pour avoir été membre des très influents Modern Lovers et Talking Heads. Lorsque l’on insère la galette dans la platine, on tombe sur le premier morceau, « No Regrets ». Et on fait un retour deux décennies plus tôt : batterie avec une tonne de reverb, guitares lourdes sans être grasses, une voix moite…. Tout cela rappelle furieusement The Cramps (il y a d’ailleurs un morceau qui s’intitule Poison Ivy). Ce n’est pas si étonnant, sachant que 50% du groupe est féminin.

On ne tarde pas à s’en apercevoir tout au long de cet album que le rock des Von Bondies est furieusement sexy. Des petits indices sur « No Regrets » nous indiquent que Jason et ses amis ne sont pas passés à côté de T-Rex, avec notamment ces «ah-ah-ah » dans la plus pure tradition Glam. Puis, on passe à « Broken Man », qui nous propulse du côté de chez Iggy Pop, période Stooges. Le batteur fait toujours admirablement des siennes : bien présent, il frappe fort. Jason se lâche, et conserve cette terrible moiteur dans sa voix… Synthèse parfaite de toute une période garage rock. « C’mon C’mon » arrive derrière, c’est leur premier single : il est imparable. Un riff de guitare unique et entêtant dans le morceau, des choeurs chantés par les filles du groupe, bref, ce morceau a tout pour faire bouger les foules dans les prochains mois.

« Been Swank » est probablement le morceau de l’album à retenir. Une descente d’accords furieuse, soulignée par la batterie, toujours irréprochable. La voix de Jason monte encore d’un niveau : il hurle à la perfection, gémit, se lamente presque. Tout ça doit faire son petit effet sur scène ! Changement de décor avec « Mairead », morceau langoureux, qui respire le sexe par tous ses pores. On constate, avec ces guitares shadowsiennes, que les influences du groupe sont réellement variées : pour un peu, on se surprendrait à confondre the Von Bondies avec The Doors, tellement la façon de chanter de Jason est proche de celle de Jim.

Vous l’aurez compris, The Von Bondies ont plus d’un atout dans leur jeu, et ce ne sont pas des morceaux comme « Not that social », chanté par les filles du groupe, ou encore « The Fever », qui, a la manière d’un « Gloria », est épelé sur le refrain par les demoiselles, pendant que Jason assure les couplets. Vous pouvez vous jeter sur cet album, qui est incontestablement la première bonne surprise 2004 en matière de garage rock. On ne poussera pas le vice à comparer ton album avec Elephant, hein Jason ?…

-Site des Von Bondies