Braaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaazzzziiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiillllll!!!
! Oui, je vous rassure, on ne va pas parler de foot. Le rap et le reggae made in brazil, ça vous tente?


La scène brésilienne est une des seules (sinon la seule, hormis la Jamaïque) issues du tiers-monde à être capable de rivaliser avec ce qui se fait en Europe, aux Etats-Unis, au Canada, au Japon et en Australie (le monde occidental en gros). Que ce soit avec Sepultura ou Amos Tobin, force est de reconnaître que le pays de Lula a su dépasser l’image Sweppes de samba ou l’image jazzy d’un Stan Getz pour s’installer aussi sur la scène rock ou électro.

La compile d’Instituto vient élaguer le terrain de toutes les musiques électro ou black. Le reggae, la drum & bass, le trip hop ou le rap sont ici déclinés à la sauce brésilienne (quand même, sinon on voit pas vraiment l’intérêt d’un plagiat pur et dur). La basse y est présente de bout en bout, ainsi que presque toujours soit des percussions, soit des cuivres, soit des chants exotiques. Il est vrai qu’on ne se défait pas aussi vite de l’image de cool-attitude que nous inspire Brazil. Sans doute le foot y est-il pour quelque chose, mais aussi la Piña Colada ou le Caïpirinha non ? Et puis, au cinoche aussi, avec Central do Brazil dans la catégorie films d’auteurs et avec Cidade de Deus dans la catégorie films de gangsters et dealers chers à Quentin Tarantino, petit à petit l’idée fait son chemin.

Revenons, si vous le voulez bien, à nos moutons. Le collectif Instituto fut créé à Sao Paulo (ville récemment perdue par Lulla), centre névralgique culturel avancé du plus grand pays d’Amérique latine. Se voulant à l’origine le point de rencontre de divers artistes, tous ayant cette irrésistible envie de créer ( mais pas de thune), plusieurs producteurs appelés à la rescousse (dont Tejo Damasceno, instigateur de la pub Nissan avec « Quem que Caquetou »), Instituto a donc la « chance » – grâce au fric – de sortir cette « Coleçao Nacional » (littéralement collection nationale) et bla bla bla bla… Il y a plein d’infos sur la bio mais elles n’ont pas beaucoup d’intérêt vu qu’on ne connaît personne. On imagine déjà ce que ça donnera quand les Chinois et les Indiens s’y mettront vraiment : « Xiu Xan avait collaboré en son temps avec Xi Tan Tô, producteur du groupe Le Lotus Orangé, fort d’un album proche de la mouvance Shangaï trip punk… » bla bla bla.

Bon, certains titres « destacan » du reste, comme diraient mes amis Colombiens (ça veut dire sortent du lot). D’un côté, les titres dub, comme celui de Dengue, Pupilo & Ganja Man sur « Verdin2 », jumélé avec le titre suivant, ou « Dub do Galo » (le dub du coq) avec Lucas Moreira. Il y a de vraies perles aussi : le titre qui clôture le disque par exemple, un long plaidoyer en forme d’hommage pour Lee Scratch Perry, par les Traidores da Babylonia. On se remémore même le grand morceau épique d’Alpha Blondy, qui accompagne le discours d’Houphouet-Boigny : « Jah Houphouet Nous Parle » : ah, quel bonheur.

De l’autre côté, on a droit à des titres plus épicés, tamponnés Brazil flavour à la sauce rap, et ce dès les titres d’ouverture. Notons « Dama tereza », un hip hop samba du plus bel effet par Sabotage. Il y a aussi ici un hip hop plus conventionnel (entendez par là plus à l’américaine) comme « Tabocas » de Z’Africa Brasil, avec quelques clins d’oeil au trip hop : la voix éraillée de gros fumeur y est un régal. De même pour « Juntando Coco », de Cila de Coco avec – tiens, tiens, mais qui voilà? – Kid Koala.

En fait, et pour résumer, ce disque prouve à qui en doutait que le hip hop et le reggae a aussi ses tenants et ses aboutissants au pays de Pelé. Et c’est pas plus mal comme ça.

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