Des dingos du beat déglingué livrent sur 34 minutes une vision lo-fi de la disco made in Montréal. Contagieux.


«Disco House/Trash/Pop» : c’est ainsi que ce trio québécois plaît à se définir sur leur page myspace. Acquiesçons que le polyinstrumentiste Graham Van Pelt (programmation claviers) et ses compagnons d’arme Martin Cesar (chant, officiant également chez Dishwasher et Monkey Heart) et Matt Shane (Drum Machine, vocaux) ont un sens de la formule on ne peut plus juste.

Vous vous en doutez, à l’instar des pas si lointains (déjà oubliés ?) prédécesseurs New Yorkais Tchik Tchik Tchik (!!!), Radio 4, The Rapture ou LCD Soundsystem, ces apprentis DJ tous azimuts évoluent sur la très glissante piste « dance/rock underground ». Très en vogue en 2004 et 2005, le genre semble depuis tombé en disgrâce : aucune révélation n’a émergé cette année, et les figures de proue, ne donnant pas de nouvelles, se muent dans le silence. Il y a bien le dernier Radio 4, qui bien que honorable, n’affolera certainement pas les pronostics de fin d’année.

Think About Life mérite néanmoins qu’on s’attarde sur son cas. Les canadiens du label Alien8 – imposant refuge de musiciens inclassables coincés quelque part entre le post-rock, l’avant-folk et le néant (Tanakh, Set Fire To Flames, Molasses) – ne s’y sont pas trompés en recrutant ce bien étrange spécimen incapable de rester en place. Le premier album éponyme de ces « penseurs de la vie » laisse songeur… Leur philosophie tient en une ligne : procurer de la sueur sur un rythme endiablé, peu importe la façon dont l’énergie est canalisée. Centrée sur des claviers brouillons plantés sur un groove sec, la formule de Think About Life procure un étrange mélange de mélodies échevelées. On pense à Clap Your Hands Say Yeah! qui aurait tenté sa chance à la Big Apple, à la manière des autres rejetons de groupes cités plus haut. En dépit de guitaristes aux abonnés absents, la production donne dans l’ensemble un son « garage ». Les claviers distordus donnent à cette entreprise disco dégradante un cachet attendrissant.

Enregistré dans des conditions lo-fi serrées, on sent que le trio a dû défoncer les quatre murs qui l’entouraient pour faire un peu de place à leur beat très envahissant. Manipulés à bon escient, leurs jouets sont capables de provoquer de surprenantes poussées d’adrénaline (“Paul Cries”, “Fireworks”). Leur désir de franchir les barrières du conformisme se retrouve sur une bonne poignée de titres, dont un mémorable “What The Future Might Be”, très dans la veine de TV on the Radio. Emporté dans son élan cacophonique un peu lourdingue, Think About Life ne veut pas pour autant lâcher l’affaire pop et sait composer des mélodies solides. “Money” se paye même une pointe de lyrisme digne de leurs voisins Arcade Fire.

On tient peut-être une réponse géographique à ce mystérieux groove. Localisé sur le globe terrestre dans un coin où les hivers sont très rudes, danser comme l’entend Think About Life peut être une question de survie (chaleureuse). On en vient donc au fait : la terre peut trembler, Think About Life continuera à nous faire trémousser.

– Le site de Think About life

– La Page Myspace