Les nouveaux Oasis ? Non, Oasis n’a commencé à décliner qu’au troisième album…


Grandes gueules, interviews provocatrices, single au refrain à chanter dans un stade de foot : Kasabian suit définitivement la voie tracée par les frères Gallagher. Mais là où Oasis a écrit une page d’histoire de la musique populaire anglaise, Kasabian n’est encore qu’une note de bas de page.

Le premier album éponyme n’était pas dénué de charme, mais la pauvre production le rendait assez brouillon. L’attitude et les tunes étaient là, ceci dit. Le groupe a remarqué les défauts, et dès le premier morceau et single « Empire », on entend la différence. Même Muse n’oserait pas un son si lourdement prétentieux, c’est dire. La ligne de basse directement volée à Mani (ex-Stone Roses et actuellement compromis chez les tristes Primal Scream), la guitare à T. Rex (tiens, comme « Cigarettes & Alcohol », comme c’est étrange), le chant à la Liam Gallagher, en mieux, quand même. Et puis arrive cet horrible riff clavier (ou guitare bourrée d’effets) dont la puissance servirait sans doute à illuminer les marchés de Camden pendant une heure. Ils auraient dû faire comme Spiritualized à l’époque, fournir des médicaments contre la migraine avec le CD (Ok, c’était des bonbons à la menthe mais bon).

Le single suivant, « Shoot The Runner » est un peu moins lourd, mais tout aussi glam-rock. Le morceau, très catchy, est sans doute le meilleur ici, mais le gros problème, c’est ce qui suit. On peut presque reconstituer la discothèque des membres du groupe : Revolver et Sgt Pepper’s (particulièrement « Tomorrow Never Knows », évidemment), Screamadelica, avec du Chemical Brothers (le pompant électropunk « Apnoea », sorte de Cooper Temple Clause en bien moins bon) et du Prodigy ajouté au mix. Rien que du subtil, disions-nous.

Vers la fin, on pense que le groupe a envie de montrer qu’il peut faire autre chose que 1) le gros single graisseux et 2) le pastiche accidentel psychédélico-passéiste. Et c’est sur le ton de la ballade acoustique que commence « British Legion », avant de retomber dans les travers connus. Le final (« Doberman ») joue sur une sorte de jam électro-rock, courant qu’on pensait pourtant enterré.

Alors, oui, Kasabian peut donner des interviews incendaires, et se prendre pour les rois du britrock. Mais quand on écoute Empire (et le premier album), on se dit qu’il y a encore eu beaucoup de fumée, mais pas trop de feu. Ceci dit, il faut relativiser : dans une année qui nous a donné Dirty Pretty Things et un nouveau Razorlight, Empire n’est pas complètement mauvais, juste baclé, peu subtil et rapidement oublié.

– Le site de Kasabian.