Les Black Rebel Motorcycle Club deviennent, petit à petit, l’un des groupes les plus chéris par la communauté Pinkushion. Cela vous étonne ?


Lorsque les Black Rebel Motorcycle Club nous avaient accordé un entretien à l’occasion de la sortie de leur excellent opus Howl, sorte de recueil religieux acoustique scrutant les racines américaines, on sentait poindre derrière les lunettes de soleil et le look rebelle tout de noir vêtu, hérité à la fois du film d’Elia Kazan (leur nom est tiré du film L’Epopée sauvage) et du look d’Echo & the Bunnymen, une véritable âme spirituelle et philosophique. Touchante pour tout dire. On sentait que derrière la façade à première vue rock’n’roll il y avait un énorme groupe.

A lire les quelques interventions sur leur forum, les BRMC semblent suivre les pas de The The : avant de vouloir changer le monde, il faut se changer soi-même. La révolte commence en soi.

C’est donc avec un plaisir à peine dissimulé que Baby 81 est accueilli en nos bureaux. Tiré du nom d’un des bébés disparus lors du Tsunami et réclamé par neuf mères, le disque compte 13 titres qui sont autant de fers de lance pointus et acérés. Comme le laisse supposer la pochette, on a ressorti et aiguisé les guitares, rangées dans leur étui le temps d’enregistrer Howl. BRMC n’est pas mort (il en fut un temps question suite au départ du batteur), et on peut même ajouter qu’il s’est bel et bien remis de la mort de Marlon Brando.

Enregistré juste après Howl, il confirme dès « Took Out a Loan » le retour (sic) du britannique Nick Jago à la batterie aux côtés des américains Peter Hayes (guitare/chant) et Robert Levon Been (basse/chant/synthé). Du coup, la sonorité british qui caractérisait le trio sur les deux premiers albums semble de retour. Ceci dit, Baby 81 reprend aussi les ambiances véhiculées dans Howl, et pas seulement à l’occasion des – rares – ballades. On le sent notamment dans la richesse des arrangements (les guitares électriques cachant souvent des guitares acoustiques). A ce propos, ce procédé évoque souvent le modus operandi et le son brut des Dandy Warhols (avec qui ils ont jadis tourné – pour la petite histoire, Peter Hayes, en tant qu’ancien guitariste des Brian Jonestown Massacre apparaît dans le film Dig ! consacré aux deux groupes ). Peter Hayes avoue avoir passé des heures en studio à enrichir avec des guitares et des harmonicas des titres comme “Not What You Wanted”. Le sommet de l’album est bien évidemment « American X », longue plage de neuf minutes et 11 secondes (9/11 : pur hasard disent-ils…) dont les 4 dernières minutes sont un feu d’artifice absolument génial.

L’album est captivant de bout en bout et il n’y a absolument rien à jeter. Le tout se termine par une ballade aérienne (« Am I Only »), genre dans lequel ils sont passés maîtres depuis Howl. Ils confirment – donc – tout le bien que l’on pensait déjà d’eux.

– Le site de BRMC.