Party like it’s 1988.


Chaque année apporte son lot de réunions, plus ou moins improbables. Entre le succès de Pixies, l’album monolithique des Stooges, le retour live de Rage Against The Machine et celui, imminent, de Police, la reformation de Dinosaur Jr pourrait facilement passer inaperçue. En effet, le bruyant trio n’aura jamais connu qu’un succès d’estime auprès du grand public, inversement proportionnel à son impact dans le développement du rock alternatif des années 90 et du grunge en particulier.

Dix ans se sont écoulés depuis le dernier album sorti sous le nom Dinosaur Jr., mais si l’on se réfère au line-up classique (J Mascis, Lou Barlow et Murph), c’est carrément dix-neuf ans, et l’excellent Bug. En dix-neuf ans, beaucoup de choses changent, et franchement, on n’avait pas trop d’espoir quant à la réussite de l’entreprise (à but ouvertement lucratif). On a eu tort. Terriblement tort.

Dès la deuxième seconde, on assiste à un solo de guitare de Mascis, comme on n’avait plus entendu depuis… dix-neuf ans. C’est exactement comme si le temps s’était arrêté. Surprenant, mais diablement efficace. Des bonnes vieilles pédales fuzz, rien de ces nouveaux trucs digitaux, non non, du Big Muff avec les plots réglés sur onze (parce que onze, c’est plus fort que dix), et un enregistrement crasseux. Même la voix n’a pas changé, avec son caractère aigre-doux, et cette mélancolie fragile qui nous avait vraiment manqué.

On l’a déjà dit, l’album n’est absolument pas actuel, et fait croire que rien n’a évolué depuis le milieu des années 80. Mais à quoi bon faire semblant ? Dinosaur Jr fait ce qu’il fait de mieux, et il le fait très bien. Différencier les morceaux ne sert pas à grand chose, parce qu’ils sont presque tous taillés dans le même moule, faits de distortion, de soli très tordus et parfois bien longs (trois minutes sur “Pick Me Up”), de rock. De pur rock à guitares.

De manière assez amusante, on se surprend même à oublier la chronologie, et à se dire que “It’s Me” sonne très Soundgarden, ou que l’intro de “We’re Not Alone” pourrait sortir d’un des derniers Red Hot Chili Peppers. Mais juste l’intro. On notera aussi deux morceaux de Lou Barlow : il a lui aussi retrouvé sa meilleure forme avec “Been There All The Time” qui redéfinit le noisy rock. Et on arrive à un album excellent, qui rappelle les meilleures heures d’un mouvement qui n’existe plus que dans nos souvenirs. Ou du moins c’est ce qu’on pensait.

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