Quatre ans après Veneer, magnifique premier album de folk minimaliste pour le moins prometteur, auréolé d’un étonnant bouche à oreille tardif suite à l’exploitation publicitaire du morceau “Heartbeats”, la sortie de In Our Nature constitue un non-événement. Alors que l’on pouvait s’attendre à ce que le discret José González, nouveaux moyens à l’appui, peaufine son jeu tout en donnant une ampleur supplémentaire à son écriture intimiste, ce second album reconduit au contraire à l’identique l’univers du précédent, comme si rien n’avait changé dans la vie du guitariste/chanteur argento-suédois pourtant surexposé depuis un an. Doit-on voir dans ce choix délibéré d’austérité une démarche artistique intransigeante ou plutôt une volonté peu avouable de battre le fer du succès pendant qu’il est encore chaud ? Cette apparente inertie créative découle t-elle d’une approche obsessionnelle parfaitement assumée ou au contraire d’une certaine forme d’impuissance ? Après de nombreuses écoutes, aucune réponse bien tranchée ne s’impose à l’esprit (même si l’on pencherait plutôt pour la première hypothèse). En revanche, si les intentions réelles du songwriter nous échappent, nul doute que cette seconde livraison de chansons sensibles et épurées nous émeut moins. La faute a un effet de surprise logiquement absent, mais aussi à une inspiration mélodique légèrement émoussée et un parti pris instrumental ascétique trop systématique, qui trouve ses limites et joue à présent presque contre les compositions. Comme par exemple lorsque González reprend “Teardrop” de Massive Attack sur le mode mélancolique : prévisible, trop méticuleuse, presque scolaire, cette version peine à faire oublier l’originale, autrement plus vibrante. Malgré ces réserves, In Our Nature laisse une bonne impression et contient quelques menues surprises et sources de satisfaction, notamment au niveau de la qualité du verbe, plus consistant, de la sonorisation des voix et dans sa façon plus affirmée de faire errer la mélodie (l’entêtant “Cycling Trivialities”). Reste que si d’aventure José González s’évertuait avec application à prolonger le trait dans le même sens, notre nature, revenant au galop, viendrait sans doute mettre un terme à cette indulgence.

– Le site de José González.
– La page Myspace de José González.