Un peu plus de vingt-sept minutes peuvent suffire à imposer au grand jour un nom. Entraperçu au violon chez la bande danoise de Efterklang ou assurant leur première partie sur scène accompagné de tout un attirail de machines et instruments, Peter Broderick, né à Portland mais résidant à Copenhague, a choisi pour son premier album en solo d’exploiter son seul piano – le musicien, plutôt doué on l’aura compris, est aussi un brillant guitariste. Dix morceaux, qui évoquent autant les épures mélodiques d’Erik Satie que les rêveries mélancoliques de Max Richter, écrits en six jours et enregistrés en moins d’une heure. Un impératif de durée prompte à fixer une humeur ou un sentiment, avant qu’il ne migre hors de soi. Recueilli et spontané, Docile alterne ainsi sans discontinuer de courtes plages construites autour du silence, qu’elles font entendre, sorte d’introductions suspendues suivies de plus longs développements tout entiers dédiés aux mélodies, fluides et somptueuses. Si l’atmosphère générale est baignée d’une même lumière crépusculaire, Broderick use avec un réel talent des différentes tonalités de son instrument, cristallines ou plus graves, comme de la portée sonore de chaque note, étouffée ou vibrée, et des intervalles qu’il glisse au détour d’une phrase, s’offrant de fait une grande diversité d’expressions et de couleurs. A ce titre, la subtile progression du bien nommé “Laden” constitue un bel exemple de crescendo dramatique, dépourvu de toute emphase. Premier volume lancé par le label Kning Disk d’une série d’albums dédiés au piano solo, qui verra participer différents musiciens de la planète pop-rock, ce premier album liminaire très convaincant de Peter Broderick augure en ce qui le concerne de prochains travaux passionnants – notamment plus orchestrés.

– La page Myspace de Peter Broderick
– Le site de Kning Disk