A formation originale, musique qui ne l’est pas moins. Soit donc un duo cuivré (Jean-Louis Pommier au trombone, François Thuillier au tuba) et un batteur sans peur ni reproche (Christophe Lavergne) partis sans boussole et à tout berzingue sur les routes d’un jazz à la liberté fanfaronne. Dix morceaux avec sous-titre indicateur (exemple parmi tant d’autres pour “Chemin buissonnier” : « Chemin interdit et pourtant nécessaire ! »), qui perdent le Nord (“La fête au village”), virent à l’Est (“Folk Song 2”) et font valser le temps comme bon leur semble (“Valse fluctuante”). Rien de très sérieux, rien d’anecdotique non plus. Voici un trio superfétatoire aux antécédents et participations multiples (ONJ pour Pommier, Martial Solal, Andy Elmer et le Brass Trio pour Thuillier, le Gros Cube pour Lavergne), épris de rythmes et de souffles au-delà des carcans musicaux bien comme il faut. Ne fuyant pas la mélodie, ni les improvisations débridées, LPT.3 privilégie l’énergie au calcul, l’affect à l’intellect, mélange rondeurs chatoyantes (les basses profondes du tuba sur “Folk Song 2”) et échardes sonores (couinements, growl et effets de piston sur “Route 67”, “Free tango” ou “Les coulisses slavonneuses”) sans distinction et avec une intelligence pragmatique qui remue les sens. « Bone de trombone ou bone de l’anglais os, en référence au squelette qui nous porte et qui parfois danse… » est-il encore noté à propos de “Bone'(s) contact”, le morceau qui clôt l’album et cette manière de récit musical dansant, commencé «une nuit dans une ville endormie» avec “Filature”, puis poursuivi ensuite loin des autoroutes hexagonales sur de jouissifs chemins de traverse.

– Le site de Yolk