Deux ans après le parfait Tower Of Love, Jim Noir continue à explorer le temps et imprégner la pop britannique estampillée 60’s de sonorités electro malignes et joueuses. Embarquement immédiat pour un voyage psychédélique haut en couleurs.


Manchester, son équipe de foot, ses bad boys, ses rockeurs tous plus méchants les uns que les autres, et un chapeau melon, celui du longiligne Jim Noir. Derrière sa trogne de petit bonhomme malicieux se cache… un petit bonhomme malicieux. Et un musicien hors pair réfugié dans la musique de Daddy & Mummy.

Il y a deux ans, le jeune chanteur nous avait proposé de visiter les glorieuses 60’s de son beau pays, en écrivant en Beatles, Zombies ou Beach Boys dans le texte des chansons résolument entraînantes, diablement bien roulées, et bigrement entêtantes. Piqué au jeu, il continue, tout seul, son travail de réhabilitation d’une pop légère et inventive. D’autant plus courageux qu’aujourd’hui cette sunshine pop à l’anglaise (ou d’ailleurs) n’est pas en tête des suffrages quand il s’agit de soulever des foules.

Mais à malin, malin et demi. Histoire de se fondre dans la masse electro qui continue, cahin caha, à tracer sa route outre-Manche (on se souvient de la rouste infligée par Fujiya & Miyagi l’an dernier), et de brouiller les pistes pour éviter de se faire bastonner par un frère Gallagher potentiellement imbibé, il grime sur ce deuxième album éponyme sa pop sautillante de boucles flashy, de beats pois sauteurs et de Vocoder vintage. Pour un résultat à forte teneur bubble pop. Mais jamais lassant. Car Jim Noir, en plus d’être un trublion, est un vrai petit génie de la chanson tubesque.

On pourrait résumer ce deuxième opus à un Moon Safari déconneur. Même son spatial, même basse ronde et rassurante, même chant décalé, mêmes effets psyché du meilleur goût, mais en beaucoup, beaucoup plus décontracté. Et c’est ce qui fait tout son charme.

Séduit par la voix sympathique et détachée du grand dégingandé, on se laisse porter le long de ce voyage en ballon qui nous fait redécouvrir toutes les facettes de la pop ensoleillée. Du simple refrain qui colle aux dents – l’irrésistible “What U Gonna Do”, que l’on croirait tout droit sorti de Revolver, pas moins – aux strates interstellaires psychédéliques d’un séjour au pays de Casimir – “Don’t You Worry”, “Welcome CJ”, ou la bien nommée “Ships And Clouds” -, pas une seule baisse de régime ni une seule once de nostalgie. Et c’est là le coup de maître de Jim Noir, faire passer cette musique comme si elle était née hier soir, dans sa chambre. La fraîcheur de ses compositions, la limpidité de son chant, et la simplicité de ses paroles (jamais idiotes, attention) procurent un bien-être salutaire et hautement addictif. Même des titres sans textes véritables se savourent ad libitum, tel ce “Happy Day Today” tout en harmonies vocales. Plus loin, “Look Around You” et “Same Place Holiday” renvoient les Belle And Sebastien circa The Life Pursuit à leurs chères études, prouvant que l’effectif du bataillon n’assure pas la victoire.

Et comme une bonne nouvelle ne vient jamais seule, il faut le voir s’amuser comme un petit fou à défendre cet album sur scène avec ses petites guitares et ses machines. Plus qu’un simple ambianceur, Jim Noir profite de ce nouveau virage pour livrer des concerts débridés, des fêtes multicolores, des défilés de majorettes miniatures. On attend juste le moment éventuel où il s’inclinera, vidé, pour se ruer sur scène et remonter la clé dans son dos. Mais ce moment n’arrive jamais, c’est même lui le petit Zéfirotte qui continue inlassablement de regonfler son public pour que jamais il ne s’affaisse, à coups de chansons magiques.

Plus inventif que Badly Drawn Boy, plus malicieux que le Damon Albarn des 90’s, et surtout beaucoup plus naturellement peinard que 98% de ses congénères, Jim Noir ne s’encombre d’aucun bagage et livre ses petites confections discrètement, du bout des doigts, et avec un sourire ravageur à la clé. En un mot comme en cent, ce type est génial.

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