À ce train de sorties, la Pinkushion Team envisage sérieusement de créer une nouvelle rubrique exclusivement dédiée à ces deux hyper prolifiques – et incorrigibles – que sont Joseph Arthur et Richard Swift. En ce qui concerne le protégé de Secretly Canadian, celui-ci nous livrait il y a encore peu Instruments of Science & Technology, un disque qui le présentait sous un jour nettement plus apprenti chimiste, établissant de déconcertantes émulsions soniques du genre : Kautrock + Stax + Bristol = MC @#%& ! Impossible à breveter mais cependant attachant. Notre garçon frappé (la pochette en atteste) prolonge ses expériences en accouchant cette fois d’un double EP, accompagné de drôles de petits films claustro façon Erasearhead, réalisés dans son bunker studio – et visibles sur son site. Réincarné sous l’identité d’un bluesman prêcheur, Onasis, Swift s’éprend de vieilles guitares fifties qu’il invoque dans un grand bazar rock’n’roll hautement corrosif. D’emblée, le concept du double EP pouvant paraître désuet aujourd’hui devient ici un acte militant, une volonté de revenir aux « early sixties » où le format était en rigueur, et ainsi renouer avec une certaine fraîcheur. La mise en danger prédomine sur ces vingt plages d’une durée oscillant entre trente secondes et moins de trois minutes. Swift se plait à enregistrer des jams impromptues, faire tourner quelques riffs sur une distorsion crasseuse (“Greaseball Blues”, ou “Vandervelde Blues II” qui tire son nom de son génial camarade David Vandervelde), donner dans la vibe jamaïcaine (“Bu(M)B I” et “II”), ou mettre en boucles ses hurlements de loups (“JLH”). Franc succès lorsque le cocasse se lance dans un boogie hautement toxique, “German (Something Came Up)”, on imagine Lux Interior (The Cramps) lui donner sa bénédiction. L’ensemble manque évidemment de finition, il n’empêche que l’énergie débordante est nettement plus communicative que sur sa dernière production officielle, Dressed Up for the Letdown, sans sève. En bonne voie de guérison, donc.

– Le site officiel
– La page Myspace
– Lire également la chronique de The Novelist / Walking Without Effort (2005)