Depuis 1976, l’insolence artistique de Wire ne s’est jamais démentie, que ce soit sur le front du rock expérimental, de l’electro cérébrale et de la pop. Mais qui aurait cru que notre rencontre avec les piliers de Wire, Colin New Newman et Graham Lewis, dériverait sur Star Trek et la pop des Papas Fritas ?


En cet après-midi du 11 juin, les deux quinquas anglais nous reçoivent enthousiastes, loquaces et… amusants ! Quand Graham Lewis, bassiste philosophe et distingué, pousse la réflexion à chacune de ses réponses, Colin Newman, l’esprit combatif, surenchérit quasi systématiquement face à son complice de plus de 30 ans. Stimulant pour votre serviteur.

Wire, juin 2008, Graham Lewis (g) et Colin Newman (d)


Pinkushion : Object 47 est le titre du 11e album de Wire, mais aussi votre 47e sortie discographique. Avec du recul, ce chiffre commence à devenir imposant. Non ?

Colin Newman (chant, guitares, programmations) : Tout est relatif, cela a pris plus de trente ans pour parvenir à ce chiffre !

Graham Lewis (basse, parolier) : Et c’est assez mince comparé à Sun Ra, qui a enregistré peut-être 300 ou 400 albums (rires).

Colin Newman : Autre chose sur la signification du nombre « 47 ». En faisant une recherche sur le site Wikipedia, on obtient des réponses assez étranges là-dessus, des choses que nous ne savions même pas avant que ce titre s’impose. Par exemple, c’est le nom d’une nébuleuse dans le ciel, une constellation très éloignée. Le nombre « 47 » a également de nombreuses propriétés, c’est un nombre premier. Des fans de la série Star Trek et de Lost ont aussi observé que le nombre « 47 » revenait anormalement (ndlr : autrement surnommée la conspiration 47). Complètement dingue !

Le chiffre « 47 » serait alors partout, un peu comme dans ce film avec Jim Carrey où il interprète un homme obsédé par le chiffre « 23 ».

Colin Newman : Il y a aussi cette nouvelle de Douglas Adams La Grande Question sur la Vie, l’Univers et le Reste, où les personnages construisent un ordinateur pour avoir la réponse ultime à la vie. Mais la réponse est un chiffre différent du notre (ndlr : 42). Ça n’a rien à voir avec nous (rires).

La guitariste Margaret Findler remplace sur scène Bruce Gilbert qui a quitté le groupe en 2004. Quel est son rôle au sein du groupe ?

Colin Newman : Depuis le départ de Bruce Gilbert, Wire est devenu un trio. Pour le live, nous pourrions jouer ainsi à trois, mais on estime que ce n’est pas une démarche intéressante. On a toujours joué à quatre. Nous avons alors décidé d’engager Margaret pour les shows. Mais elle n’est pas sur l’album. C’est quelqu’un d’assez intelligent pour comprendre que ce qu’elle aurait fait dans son propre contexte créatif ne colle pas nécessairement à Wire.

Il n’y a donc pas de place pour un instinct féminin dans Wire ?

Graham Lewis : Non, c’est complètement différent. Si cela avait concerné un homme, il n’y aurait pas eu de place non plus pour un instinct mâle. Ce qui compte, c’est le nouveau matériel et sa retranscription sur scène. Tout le monde au sein du groupe est là pour servir l’album, même Colin et moi. Lorsque Margaret est venue répéter avec son propre équipement, nous avons sincèrement compris que cela n’allait pas marcher. Et après-coup, elle l’a compris d’elle-même. Maintenant, elle est complètement impliquée dans ce sens. Car elle conçoit que nous recherchons quelque chose, parce-que nous recherchons quelque chose. Ce n’est pas statique, nous ne faisons pas d’émulation non plus. On laisse ça aux cover bands. Ce n’est pas une question de responsabilité, c’est une question de détails. Mais je peux dire que le fait qu’elle soit une femme fut définitivement un élément favorable, contrairement à ce que tu sous-entends. (rires).

Avec le EP Read & Burn 3 et ce nouvel album, vous réamorcez une nouvelle période plutôt active après cinq années de silence.

Graham Lewis : En réalité, c’est quand nous avons décidé d’approcher Read & Burn 3 que du nouveau matériel a éclos. C’est seulement pendant l’enregistrement de Read & Burn 3 que s’est imposé le fait que certains morceaux seraient sur le projet suivant, le futur Object 47. Durant le processus de création, ces morceaux ont été enregistrés à Rotterdam, dans le studio d’un ami. Là-bas, nous voulions enregistrer une batterie qui sonne « live », car avant cela, l’idée clé de départ que nous avions en tête était de partir à contresens du design de Send, qui était claustrophobe, et abusait de samples rythmiques. Il s’agissait d’aller vers quelque chose de plus dynamique et « live ». Les sessions ont seulement duré cinq jours, mais ce fut vraiment très intense.

Colin Newman : En réalité, les parties de batteries sur Send avaient été enregistrées lors de répétitions, ce qui explique un peu pourquoi l’album est claustrophobe. Nous avons commencé à réfléchir sur le nouveau projet au milieu de 2006 – l’enregistrement a ensuite commencé en novembre dans mon studio londonien. L’idée générale qui en découlait était d’aller vers l’expansion, et la batterie était l’un de ces moyens.
Cela nous a juste indiqué la marche pour Read & Burn 3. Mais cette approche n’était pas vraiment traditionnelle non plus, nous ne sommes pas un groupe qui se réunit dans une pièce pour jouer. Et ce que nous avons enregistré à Rotterdam contenait quelques bases pour atteindre l’étape suivante. Il y a toujours une progression entre nos disques, une sorte de pont, d’arc de travail entre Send, Read & Burn 3, et Object 47 (ndlr : fixant brusquement mon sac, il change de discussion, amusé). Je note que tu as sur ton sac un badge des Papas Fritas, il y a une chanson que j’adore de ce groupe, “Way You Walk”.

Oui, c’est de la pop assez innocente.

Colin Newman : Non, ce n’est pas exactement vrai, cette chanson est assez cynique. Peu importe… Next question !

Colin Newman, juin 2008

Le groupe s’est reformé en 1999 après 10 ans de hiatus.

Colin Newman : Hum… « reformé » est un étrange mot. Vous savez quoi ? J’ai décidé ce matin que le mot « come back » non plus n’avait aucun sens. Nous n’avons jamais été loin. Le problème d’un « come back », c’est un peu comme Hollywood et ses remakes de films. Aujourd’hui tout le monde fait des come back, et ils reviennent tous pour une seule raison, l’argent. Les Sex Pistols font actuellement leur « come back final »… Mais qu’ont-ils fait avant ? C’est comme les Rolling Stones, ils nous rabâchent chaque fois que ce sera leur tournée d’adieu… Tout cela est d’un ennui. Bien sûr, nous avons eu des périodes où nous ne travaillions pas. Mais nous étions justes en hiatus. En 1999 a commencé une nouvelle période qui continue donc jusqu’à aujourd’hui.

Contrairement à tous ses groupes vétérans, comme les Buzzcocks ou les Who, qui se reforment et enregistrent ensuite un album, aucun d’eux ne se réinventent pas. Wire au contraire continue à chercher.

Graham Lewis : Nous avons encore tellement de bonnes choses à réaliser, que nous ne nous sentons pas nostalgiques. En ce moment, nous faisons beaucoup de concerts, et nous interprétons de vieilles compositions dans le contexte du nouveau matériel. Et c’est ce qui est fascinant actuellement, c’est comment rendre ses chansons bonnes, et non pas les faire sonner comme trente ans auparavant. Nous voulons les faire sonner comme elles sonnent aujourd’hui. Le contexte doit être actuel, sinon chacun rentrerait chez soi pour faire autre chose. Tout cela n’en vaudrait pas là peine.

Colin Newman : Nous sommes chanceux dans un sens. Nous n’avons jamais changé d’attitude depuis les années 70, par conséquent personne n’attend vraiment quelque chose de nous. Seulement quelqu’un qui ne connait rien du groupe et de sa culture pourrait attendre de nous quelque chose qui s’inspire de notre vieux catalogue, simplement pour faire de l’argent. En réalité, la meilleure chose que nous puissions offrir, c’est probablement un nouvel album. C’est ce que les fans attendent, ils ont déjà nos vieux albums.

Graham Lewis : Encore une fois, c’est une des richesses du groupe. Si on lit les critiques de nos derniers concerts, les gens disent « ils jouent aussi bien les vieux morceaux ». C’est comme si c’était bizarre qu’on décide de jouer nos vieux morceaux d’une nouvelle manière.

Vous voulez dire que les vieux morceaux sont réadaptés sur scène ?

Graham Lewis : Dans le sens de l’harmonie, ça sonne différemment.

Colin Newman : Je le répète, une large partie de notre audience est de plus en plus jeune. Nous ne voulons pas nourrir une certaine nostalgie à l’égard de personnes qui nous suivent et qui ont maintenant cinquante ans. Nous jouons parce qu’il y a un gosse de 16 ans qui a écouté Pink Flag la semaine dernière. Dernièrement nous avons joué deux concerts, l’un à Porto au Portugal pour un gros festival (ndlr : au Serralves Museum of Contemporary Art, le 7 juin) et un autre aussi à New York (ndlr : le Seaport Music Festival, le 30 mai). Je n’ai pas vu beaucoup de gens âgés, la plupart avaient 20 ans en moyenne. C’est assez étrange pour nous dans un certain sens. Mais en même temps, si nous avons toujours maintenu une certaine exigence, celle d’être originaux et contemporains… Notre jeune public n’est pas intéressé par la nostalgie, car…

Graham Lewis : (ndlr : le coupant net) … elle n’en a pas ! (rires)

Colin Newman : Exactement ! Il y a aussi un autre point que nous avons soulevé tout à l’heure avec quelqu’un d’autre juste avant toi. C’est le fait que certaines jeunes personnes éprouvent de la nostalgie pour une période où elles n’étaient même pas encore nées. Ce qui est assez charmant, mais lorsque tu franchis la quarantaine, c’est plutôt ennuyeux (rires). Les gens ne sont pas forcément toujours d’accord pour être plongés dans le passé. Parce que c’est juste (ndlr : il imite un ballon qui se dégonfle)…

Lorsque l’on se tourne sur votre carrière, on peut distinguer quatre périodes : la première qui se déroule dans les années 70 avec la trilogie Pink Flag / Chairs Missing / 154, puis votre retour dans les années 80 qui emprunte un tournant electro et plus pop. La troisième est un peu plus floue, je dirais qu’elle se situerait à la fin des années 90 et qu’elle est essentiellement scénique. Enfin l’album Send en 2003 a amorcé la quatrième période.

Colin Newman : Nous n’avons rien fait dans les années 90, ou plutôt, nous faisions autre chose. Mais nous avons traversé différentes périodes, c’est certain. C’est une étape classique pour quiconque cherche à évoluer. Nous avons fait un concert en 2000 pour un festival à Londres. Lorsque nous avons joué le set, qui comprenait un mélange de titres des années 70 et 80, je me souviens certains disaient : « même groupe, même essence ». Pourtant, la production des années 80 sur nos albums n’est pas du tout la même que celle des années 70. Les gens ont alors commencé à penser qu’on était plus pop ou plus polis. En vérité, lorsque tu écoutes la musique, c’est exactement le même groupe. C’est juste que différentes productions ont été appliquées. La seule chose qui distinguait Wire des autres groupes des années 70, c’est que nous étions plus étranges, et plus pop.

Pourtant, quelques uns de vos morceaux les plus pop, furent écrits dans les années 80 comme “Kidney Bongos” ou “Eardrum Buzz”.

Graham Lewis : Peut-être que les années 70 étaient plus bizarres, car il n’y avait pas de refrain évident. Mais je ne pourrais pas vraiment expliquer cette situation. Les choses prennent ensuite une tournure manichéenne.

Colin Newman : Si vous vous connectez sur le site Lastfm, le morceau le plus écouté de Wire est “Three Girl Rhumba”, et ça date de Pink Flag ! Donc forcément s’il est populaire, ce doit être notre titre le plus pop. Et ce n’était pas un single à l’époque. Dans les années 70, il y avait aussi “The 15th” (ndlr : sur 154) et “Map Ref. 41 °N 93° W” avait un énorme refrain. Certes, quelques morceaux des années 80 furent plus marketés…

Graham Lewis : Pour l’album The Ideal Copy (ndlr : en 1987), nous pensions à quelque chose de pop, c’était notre philosophie (ndlr : il s’ensuit des plaisanteries codées entre les deux camarades totalement intraduisibles…).

Le groupe a ralenti la cadence discographique depuis votre retour avec Send. Est-ce que vous cherchez à progresser d’une manière différente ?

Colin Newman : Je ne suis pas d’accord. Entre 2004 et 2006, nous n’étions plus ensemble du tout, donc forcément pendant ce laps de temps, nous n’étions pas créatifs.

Mais la cadence, comparé aux années 70 où vous sortiez un album par an, a forcément décrue.

Colin Newman : On sortait des albums chaque année parce que nous n’avions que ça à faire. Faire partie du groupe impliquait d’y être à plein temps, et c’était même pesant à la fin. En ce moment, je peux dire plus ou moins que depuis que nous avons décidé de recommencer à travailler ensemble, nous n’avons jamais été aussi actifs. Car dans les années 70, nous étions juste dans le groupe et n’avions aucune responsabilité en dehors. Maintenant, on ne peut pas passer outre. Spécialement moi, je m’occupe d’un label, j’ai mon studio à Londres, et encore plein d’horribles choses à gérer. Alors peut-être, mais je ne pense pas que ce ralentissement de cadence, dans notre façon d’être productifs, soit vraiment délibérée.

Graham Lewis, juin 2008

Graham Lewis : Il faut replacer les choses dans leur contexte. A l’époque nous étions en train de faire ce que nous étions supposés faire, c’est-à-dire qu’on apprenait, on essayait d’avancer. Ça impliquait de faire des disques, et c’est ce que nous faisions. Maintenant, nous sommes impliqués dans d’autres projets. Il faut qu’on se décharge de certaines activités de façon à ce que l’on soit sûrs qu’il y ait un futur pour le groupe. Il y a eu effectivement une période entre 2004 et 2006 où il n’y a rien eu, notamment à cause d’énormes problèmes de management. Cependant, chaque fois que Wire se remet à travailler, nous sommes à plein temps. C’est notre façon de fonctionner. Si l’on ne fait rien, c’est qu’on est occupés autre part.

Colin Newman : C’est un peu comme une machine qui s’arrête et que l’on réactive. Laisse-moi t’évoquer une expérience directe, sans paraître trop arrogant. Après cette période d’inactivité après 2004, aussi loin que je me rappelle, dès que nous avons évoqué de nouveaux projets, l’intérêt s’est tout de suite manifesté. Nous paraissons peut-être un groupe très particulier, car nous ne faisons rien de façon conventionnelle, que ce soit pour tourner, sur le plan marketing ou commercialement. Nous n’avons jamais eu beaucoup d’argent dans le groupe pour faire que cela fonctionne, quoique maintenant cela s’améliore. Mais le groupe continue de grandir avec une base de fans de plus en plus jeunes. Nous somme partis deux jours en Italie car la distribution souhaitait qu’on vienne parler aux médias du nouvel album. Comment cela se fait-il ? Nous sommes un groupe des années 70 supposé être oublié. Mais cette attention que l’on nous porte ne découle pas nécessairement de la sollicitation des autres, nous voulons communiquer, faire de la bonne musique. Nous voulons organiser notre business à notre manière, publier nos albums live, etc. Il n’y a personne d’autre derrière pour nous manipuler.

Graham Lewis : Je pense qu’en conclusion, les gens veulent avant tout de la nouveauté. Cette relation instaurée entre le groupe et le public relève de la confiance.

Colin Newman : Actuellement, on voit émerger une pensée paresseuse, spécialement dans le rock indépendant, qui consiste à faire un album studio en affichant clairement dix influences différentes. Drôle de façon de s’affirmer. Je n’aime pas ça. Tout le monde est forcément influencé par tout. Par exemple, ce groupe dont tu portes le badge nous influence. On écoute de tout, tout le temps. Nous vivons dans une société où nous sommes entourés par la culture. C’est plutôt dommage que de s’imposer des règles. Une fois que vous avez décidé que, je ne sais pas, votre influence majeure est la flûte hongroise et le son de Jeff Beck en 1968. Soit. Mais qu’est qu’on est supposé faire ensuite ? Cela devient une sorte de cul-de-sac conceptuel.

Graham Lewis : Et particulièrement lorsque cela touche le succès.

Mais l’on pourrait répliquer que le schéma fut pareil pour vous à vos débuts dans les années 70.

Graham Lewis : Cela ne l’était pas, dans le sens où nous avons eu beaucoup de problèmes. A l’origine, les gens nous disaient, « pourquoi vous ne faites pas comme les autres ». C’est une question qui revenait souvent et à laquelle nous n’avons jamais répondue, car c’était tellement logique pour nous. Nous progressions étape par étape, d’un point à un autre. Pour nous, c’était un changement organique, qui n’était bien sûr pas exempt de ratés. Evidemment, lorsque nous écrivions un pont pour une chanson qui devenait finalement une chanson à part entière, beaucoup de choses allaient à la poubelle. Mais c’était seulement possible du fait que nous étions un groupe à temps complet, et que nous étions très productifs. On écrivait énormément, et cela nous a permis de progresser, de changer et de voir plus loin.

En novembre 2006, je suis venu à Londres avec un texte qui allait par la suite devenir “23 Years Too Late” (ndlr : sur le EP Read & Burn 3 ). Je l’ai montré à Colin en lui disant :  » J’ai ce texte, essaie de faire quelque chose dessus. Regardons sur le disque dur pour voir ce qui pourrait coller avec « . Je pense, Colin, que tu as enregistré le premier son et j’ai ensuite posé ma basse dessus en studio pour voir ce qui se passerait. C’est ainsi que nous fonctionnons, car le langage que nous avons développé aujourd’hui est basé sur l’utilisation d’enregistrements par ordinateur et du sequencing. Il nous est arrivé d’aboutir lors d’une session à 12 morceaux en un après-midi, dont deux avec des vocaux inclus. C’est une vitesse que nous parvenons à atteindre car nous avons un langage, une compréhension commune.

Et quand savez-vous qu’un morceau est terminé ?

Graham Lewis : c’est ça qui est le plus dur. (rires)

Colin Newman : Pour moi, une chose que j’ai apprise à faire ces 25 dernières années, c’est le mixage. Je peux mixer une chanson de manière convaincante. Et mon processus de mixage consiste à atteindre un résultat qui soit tout sauf ennuyeux à mes yeux. Ça peut paraître comme la plus banale des descriptions. Je mixe à un niveau incroyablement bas, c’est très important car j’ai besoin d’avoir une image propre et convaincante. On apprend à développer son instinct. Mais j’en suis arrivé à un point où je me dis que je ne pense pas que ce soit terminé. Je sors actuellement de studio après trois jours de mixage, mais le travail n’est pas terminé, et certainement que je vais encore devoir retourner et retirer des choses. Dans certains cas, le processus s’avère désespérément plus lent que lors des années 70. Avec les techniques d’enregistrement traditionnelles, on jouait d’abord, puis quelqu’un mixait. Maintenant, on met tout en place progressivement, sur une certaine période de temps. Je travaille seulement deux heures car l’attention aurait tendance à se diluer au bout de trois heures, je vaque à autre chose.

Graham Lewis : En travaillant de cette manière particulière, le mix et les arrangements peuvent étrangement arriver en même temps. Parois, lorsque tu tiens une simple boucle, tu sais d’emblée que cela peut faire une super piste.

(Ndlr : Arrive la question rituelle des cinq albums favoris mais évidemment, c’est un exercice trop conventionnel pour les figures art punk. Les vieux comparses s’y prêtent à leur manière, établissant chacun leur propre liste avec un enthousiasme.)

Colin Newman :
Cinq chansons pour aujourd’hui (11/06/08)

1. Papas Fritas – “Way You Walk”

2. Tortoise -“Djed”

3. Jenny Owen Youngs – “Fuck Was I”

4. Sambassadeur – “Coastal Affairs”

5. The Move – “I Can Hear The Grass Grow”

Graham Lewis

1. Reading – McMafia par Misha Glenny

2. Plastic – PortisheadThird

3. Tricky Maxinquaye

4. The Fall – « Pacifying Joint »

5. Walker Brothers – « Stay With Me Baby »

– Le site officiel de Wire

Crédits photo : Pascal Amoyel

Merci à Benjamin