A fond de cale, le quatuor continue sa course folle droit sur le mur du son, sans sembler s’essouffler. Une cure de désinfectant forte puissance qui ne fait aucun quartier.


Anagramme amusant que ce Head Stunts, littéralement cascades de têtes. Que cela peut-il bien vouloir dire ? Que la tête des Datsuns adore la cascade ? À écouter leur quatrième album — qui ne dévie pas d’un pouce du chemin labouré par ses prédécesseurs –, on n’en doute pas une seule seconde. Ou bien que cet album a été écrit après une cascade qui leur a fracassé la tête ? Précision inutile, elle était déjà bien atteinte auparavant. Disons pour faire court que The Datsuns continue dans leur voie à mijoter une musique de brutes, faite pour les tripes et les guiboles. Mais avec une tête qui n’aurait pas oublié, au passage, de relever ici et là quelques astuces pour élaborer un fond de sauce à ce grand sac d’épices tord-boyaux.

Garage/punk/hard-rock/skatecore… Quatre mots accolés qui pourraient suffire à résumer la musique des Néo-Zélandais, tant on ne verse jamais dans la douceur infinie de quelques notes de musiques jouées du bout des cils chez ces garçons. Batterie nucléaire, guitares en acide sulfurique, basse montée sur ressorts et voix de chatons (ou de porcelets, c’est selon) qu’on égorge. L’énergie du désespoir, la fronde de la jeunesse, l’irrespect des nouvelles générations, passe ton bac d’abord, musicien c’est pas un métier. On pourrait continuer longtemps, ça n’apporterait pas plus de confiture au débat, les Datsuns n’ont qu’une obsession, balancer la purée et s’en mettre plein la gueule. Une fois le principe posé, on adhère ou pas.
Pour nous, y’a pas à tortiller du cul pour rouler droit, non seulement on adhère, mais on s’y accroche comme des morpions sur un beatnick en fin de course. On est certes bien loin de la recherche formelle des Willowz ou de l’hédonisme à double sens des Black Lips. Mais cette débauche de décibels sur un soupçon de composition honnête, ben c’est pas possible autrement, quand c’est bien fait, ça marche du feu de Dieu.

On peut toujours avancer qu’à une époque où l’humanité cherche à réaliser de substantielles économies sur sa facture d’électricité, cette débauche de megaWatts prompte à ruiner le plus petit bouge de banlieue qui aurait eu la bonne idée de programmer le groupe n’est pas du meilleur goût. The Datsuns serait même le groupe anti-développement durable par excellence, à rendre le Grenelle de l’environnement caduc en deux coups de mediator. En même temps, à l’heure où tout fout le camp, autant se jeter dans le brasier en s’éclatant un bon coup, et les Datsuns ne sont pas les pires pour cette fin heureuse. Car sous ces tombereaux de riffs tonitruants se cachent systématiquement une bonne idée mélodique, un bon gimmick, LA ligne de basse qui claque et toujours cette batterie meurtrière. Finalement, le retour aux choses simples comme le proposent les punkoloïdes, c’est bel et bien ce qui nous ferait à tous le plus grand bien. Un peu comme dans une pub Herta. Et finalement on y revient, vous voyez bien que tout est développement durable, exactement comme l’a dit Monsieur Borloo. Même The Datsuns !

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