Ne cherchez pas à comprendre la couverture de Running With The Beast, il s’agit d’empreintes laissées par deux coqs se battant, peints l’un en bleu l’autre en rouge avant la mise à mort. Björn Ottenheim (chant, batterie) et Daan Schinkel (orgue, synthés), des hollandais pas complètement frais, ont eu cette idée saugrenue pour illustrer leur musique aussi chaleureuse qu’un week-end sans fusil dans le château du Comte Zaroff : on sait assez rapidement de quel côté du canon on se trouve. Rythmes au massicot, sons blanchis à la chaux vive, voix d’outre tombe, thèmes répétitifs jusqu’à la transe, Running With The Beast laisse peu de place à l’espoir. Un disque glauque, certes, mais certainement pas détestable. On est vite happé par ces boucles, cette batterie qui ne laisse pas passer l’air, cet orgue funéraire et ces synthés en hypertension. Maniant avec une crasse assumée l’héritage difforme d’un mariage entre les Doors et Suicide, petits frères de Throbbing Gristle, les deux briscards ourdissent la musique d’une boîte de nuit damnée, peuplée de zombies et dont la seule boisson serait de l’hémoglobine à 37,2°C. Assez rapidement on se laisse emporter par ce raz-de-marée artificiel, débordant d’enthousiasme de se sentir malsain, crachant sur son voisin une vilaine glaire dépressive en une danse aussi macabre et dyskinétique que libératoire. Juste une fois, on y décèle, le temps d’une “Amanda” sépulcrale, deux hommes qui tombent provisoirement le masque pour réhausser l’origine humaine d’un tel objet. Pour le reste, zZz prend sa base là où Prodigy y verrait de la musique extrême, ce qui donne une idée du pouvoir dévastateur de ce duo. Car la force de zZz réside dans ce format restreint, s’ouvrant des champs d’exploration infinies selon le célèbre adage less is more. Un sérieux coup de sang sur ordonnance.

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