Fargo continue à alimenter son catalogue de folkeux de tous poils (de barbe), de tous horizons et de tous âges. Cette fois, c’est la Suède qui est à nouveau à l’honneur avec ce beau blond sorti du bois de Luleä. Et toujours dans la lignée, comme son frère d’arme Nicolaï Dunger, Olle Nyman lorgne à en loucher vers les grands espaces américains cramés par le soleil. Venture est même son deuxième album, mais le premier dignement distribué ici. Les guitares se veulent classiques, les mélodies sans faux pas, les textes éperdument aventuriers, et la voix aussi juste que profonde. Du haut de ses 26 ans, l’apprenti cowboy (en Suède) est doté d’un chant glissant avec un plaisir non feint entre soul et folk, enluminant des chansons solides et durables. On pourrait même en apprécier le volume énorme accordé à cette musique d’économie, par la grâce d’une production immaculée et chirurgicale, ce qui n’est pas fait pour nous déplaire. Chaque titre se révèle un tube en puissance, chaque plage un accessit au succès. Olle Nyman est un ardent amoureux de l’americana bon grain et l’a potassé jusque dans ses moindres reliques, pour en tirer un art de la composition tout à fait mature. Reste cette éternelle question que nous n’aurons de cesse de mettre sur le tapis tant que seront publiés ces disques « à la manière de… » : à quoi bon ? Pourquoi des copies, aussi brillantes soient-elles ? Pourquoi des ersatz en lieu et place d’une bonne vieille chevauchée avec l’iconoclaste Howe Gelb ou, pour les plus réservés, avec Calexico ? Pourquoi pas un peu d’originalité, un peu de frivolité ? Car derrière la perfection technique de ce disque, l’âme en est cruellement absente, le sang y est artificiel et la poussière chimiquement élaborée. Derrière cette musique fédératrice et réussie sur la forme — il n’y a honnêtement rien à jeter — demeure cet arrière goût de produit de synthèse, gênant au départ, franchement rebutant à la longue. De l’americana de grande surface, à ranger du côté de Moriarty.

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