Dustin Wong – Mediation of Ecstatic Energy

Eminent guitariste du groupe de noise rock avant-gardiste Ponytail, l’Américain Dustin Wong s’évertue, parallèlement, à bâtir en solitaire une Å“uvre tour à tour expérimentale et intrigante par l’approche répétitive dont il use de son instrument. Avec Mediation of Ecstatic Energy, le musicien de Baltimore conclue une trilogie entamée en 2010 – avec Infinite Love, puis l’année suivante Dreams Say, View, Create, Shadow Lead – où il serait question d’élévation spirituelle. Son travail est essentiellement basé autour de boucles harmoniques générées à partir de sa six-cordes électrique et d’un arsenal de pédales d’effets – notamment le Delay et ses variations infinies offertes – parfois sous l’impulsion d’une boite à rythme spartiate. Contrairement à ce que l’on pourrait penser à la première écoute de ces quatorze pièces instrumentales, il s’agit de performances semi-improvisées, où les motifs harmoniques, d’abord segmentés, finissent par s’entrelacer jusqu’à la transfiguration. De fait, Mediation of Ecstatic Energy donne l’impression d’une architecture sonore en gestation perpétuelle (le solaire « Aura Peeled Off », dont le thème s’étire progressivement). La méthode s’approche de celle du légendaire guitariste Robert Fripp avec son échantillonneur analogique, le fameux Frippertronics, mais Dustin Wong insuffle une part ludique singulière à son jeu frénétique (l’enlevé « Helix Sky », aux relents psyché folk).). On pense aussi au World of Echo d’Arthur Russell pour cette sensation d’océan sonore réverbéré. Car si l’approche de Dustin Wong est expérimentale, elle demeure accessible grâce à ces ellipses mélodiques particulièrement soignées. Signalons que le co-fondateur de Ponytail sort dans le même temps Toropical Circle, un album réalisé avec la musicienne japonaise Takako Minekawa (ex muse de Cornelius), qui signe son grand retour après 13 années de silence.