En dix ans d’activité musicale, le songwriter madrilène Yuri Méndez Jr n’avait encore jusqu’ici jamais traversé les Pyrénées.


En dix ans d’activité musicale, le songwriter madrilène Yuri Méndez Jr n’avait jusqu’ici encore jamais traversé les Pyrénées. Chose désormais réparée avec le quatrième album de ce multi-instrumentiste solitaire, plus connu sous le patronyme Pajaro Sunrise. Avec son titre qui laisserait penser à une musique « choukraut », Kulturkatzenjammer s’avère pourtant un album d’une mélancolie solaire, l’une des plus émouvantes entendue ces derniers mois. L’album marque en fait une transition. Sur ces précédents opus, Yuri Méndez s’inscrivait dans la lignée d’un Josh Rouse, un artisan modeste et appliqués, chantant dans la langue de Cat Stevens. Ses mélodies pas vraiment de saison ni dans l’air se dotaient d’une tout autre qualité : l’élégance de résister à l’usure du temps. Kulturkatzenjammer lui ouvre de nouveaux horizons. Jusqu’ici folksinger résolument DIY, ses compositions s’enluminent de tessitures electronica, tout aussi aventureuses que séduisantes. L’incidence de beats et d’incandescentes nappes synthétiques, provoque des rencontres inattendues. Comme sur l’étrange ouverture tendance pop ermite, « Hopefully Pt. 1 », où le barbu 2.0 en croise un autre célèbre, le Robert Wyatt de Rock Bottom. L’ambiance se réchauffe ensuite avec l’irrésistible « Good To See You », où Phosphorescent troquerait son chapeau de paille pour masque et tubas, direction les villages balnéaires blanc de la côte andalouse. On marque un arrêt sur l’émouvant « Minolta » et ses belles ellipses synthé atmosphériques… ou encore le minimalisme pop de « This Vision », qui irait comme un gant à Alan Vega. L’album est dense mais curieusement, au fil du chemin, prend un tour délibérément minimaliste, avec des chansons où l’intimité est rarement bousculée au-delà du format des deux minutes vingt secondes. Arrivé jusqu’au bout du voyage, cette aube aux couleurs singulières mérite le détour.