Trois ans après Ashes & Fire, l’ex Whiskeytown déclare son amour au rock eighties américain. Heureusement plus Tom Petty que Brian Adams.


Ryan Adams est agaçant. On peut être en droit de considérer le prolifique songwriter originaire de Jacksonville un brin opportuniste – lorsqu’il compose par exemple pour Norah Jones, ou reprend le tube « Wonderwall » voire enregistre en intégralité le premier album des Strokes tout seul au synthé. Lorsqu’il fait mine de se retirer du music business en 2009, c’est pour mieux revenir l’année suivante avec un disque de Heavy Metal via son propre label Paxam Records. Mais on l’aime bien, au fond. Pour sa défense, le songwriter à la bouille d’éternel ado échevelé (il fêtera ses quarante ans en novembre) est par-dessus tout un travailleur acharné, enregistrant des disques à un rythme effréné, soit une bonne quinzaine d’albums depuis ses premiers pas en solo il y a autant d’années. Et il faut reconnaître au souffre-douleur préféré du webzine Pitchfork un indéniable talent de chanteur/mélodiste, doublé d’un certain panache lorsqu’il daigne vouloir s’en donner la peine. Ces deux facteurs sont réunis sur ce nouvel opus, un come-back rock rutilant où le songwriter a cette fois mis toutes les avantages de son côté.

On ne l’avait pas entendu aussi confiant et habité depuis le doublé Love is Hell part 1 & 2 (2003), voire dans les meilleurs moments de Rock n’roll, disque poussif mais qui contenait néanmoins quelques pépites. Simplement intitulé Ryan Adams, cette nouvelle collection de compos très accrocheuses s’écoute d’un trait, comme une ode aux colleges radio US 80’s, cette période dorée disparue bien longtemps. Les refrains font souvent mouche et les arrangements savent rester sobres, bien que parfois trop référencés (l’orgue très seventies de Bernmont Tench) : le single tout désigné « Gimme Something good » en est le plus éclatant exemple, et Ryan Adam est très en voix sur « Feels Like Fire ». Les parties de guitares sont particulièrement superbes sur les ballades insomniaques « Kim » (avec Jack Sparrow parait-il en guest à la six-cordes électrique !) et « I Just Might ». Bien sûr, il y a toujours quelques détails qui font grincer : « Wrecking Ball », titre emprunté à sa marraine Emmylou Harris (à moins que ce ne soit à au Loner ou du Boss ) est un clin d’Å“il un peu trop appuyé.

On le sait déjà, Ryan Adams maîtrise parfaitement son lexique rock americana, et ce disque éponyme lui fait honneur, quelque part entre le Damn the torpedoes de Tom Petty et les Replacements dernière période. A tel point que tout cela peut parfois sembler un peu trop facile à nos oreilles. Mais l’ensemble tient tellement bien la route qu’il ne nous donne qu’une envie justement, partir l’écouter en bagnole. Le rocker originaire de Jacksonville a semble-t-il encore des choses pertinentes à dire. D’ailleurs, il vient de sortir à quelques jours d’intervalle un album d’inspiration punk/hardcore (en écoute intégrale ici). Vous connaissez le proverbe : Qui aime bien châtie bien.