Sur ce 5eme album, la pop chamanique de Panda Bear séduit une fois de plus les amateurs de l’animal à fourrure, bien que celui-ci commence gentiment à ronronner.


De tous ses compères d’Animal Collective, Panda Bear a.k.a Noah Lennox, a toujours assurément été celui le plus enclin à fabriquer avec ses papattes des titres résolument pop sans toutefois jamais renier le versant expérimental de sa musique. Lennox a toujours réussi ce miracle d’enfanter des mélodies attachantes, qui à l’instar d’un Loveless de qui vous savez, semblaient battre comme un coeur palpitant à la surface d’un fatras de boucles, samples et de mantras répétés jusqu’à la lie.

Sur ce 5eme album, la pop ensorcelante de Panda Bear ne manquera pas de charmer ceux qui se réjouissent des oeuvres de l’artiste, mais sans toutefois créer non plus de véritable engouement, comme ce fût le cas pour Tomboy, sa précédente réalisation. L’expérimentation en bandoulière pour toute caution indé, Noah Lennox sur Panda Bear Meets The Grim Reaper gère son business avec un léger poil dans la main comme un bon gérant de magasin, sans chercher à épater la galerie ou à emprunter de nouvelles voies. Sachant très bien ce que ses aficionados viendront chercher chez lui, il se contente d’étaler en vitrine les plus convaincantes de ses mélodies qui ici se révèlent toutefois un peu plus faciles à l’écoute, pour ne pas dire un peu plus ennuyeuses. Reste toutefois le sauvage et pyrotechnique Mr Noah, qui en quasi ouverture l’album, fait plutôt opiner du chef. Ou l’envoûtant « Tropic of Cancer » qui n’est pas sans rappeler le fascinant « Hallelujah » chanté par Buckley fils.

Sur chaque titre, on décèlera aisément la patte du musicien, bien que celui-ci avoue pour cet album s’être inspiré de nouveaux sons qui lui rappelaient dit-il « le hip hop et le R&B des années 90 qu’il écoutait quand il était plus jeune« . S’il n’atteint pas la beauté interstellaire de Person Pitch ou du précédent opus, PBMGR offre cependant de beaux moments extatiques comme le planant « Lonely Wanderer » et son échantillon emprunté à l’Arabesque No. 1″ en E major de Claude Debussy ou le shoegazien « Butcher Baker Candlestick Maker » où se répondent sous forme de ping-pong vocaux des voix célestes émergeant de samples superposés comme un milles-feuilles. Une fois encore produit par l’ex-Spacemen 3, Sonic Boom, le nouveau Panda Bear tourne pour ainsi dire assez bien sur nos platines, quoi qu’un peu en rond.