Sur son second opus, le parisien Sthéphane Milosevitch et sa troupe sort la folk de ses sentiers battus, en y injectant une bonne dose de camaraderie et de synthés exotiques.


Nous y sommes. Six longues années se sont écoulées avant que le parisien Stephane Milosevitch aka Thousand donne une suite à The Flying Pyramid, son premier album paru chez Arbouse Recording. Entretemps, il y a bien eu un mini-album chez Clapping Music en 2012, disponible uniquement en téléchargement, mais peu de choses en somme sur le plan discographique.

Sorti à l’époque sans véritable promotion, The Flying Pyramid avait marqué les esprits avec sa folk/pop rêche teintée d’éclaircies. On l’avait rangé (mais jamais trop longtemps) dans la catégorie de ces disques à l’économie manifeste guitare/voix – tous comme les premiers Iron & Wine, Jose Gonzales et Tallest Man on Earth – où flottait dans l’air cette assurance authentique du solitaire. Même si parfois quelques ami(e)s étaient conviés à pousser la chansonnette avec lui. Le genre de premier disque au contexte si particulier que tenter de lui donner une suite serait vaine. Cette étrange pyramide volante laissait traîner derrière elle quelques grains de sable en provenance du desert rock de Tucson, via cette voix grave un peu nonchalante cousine du parrain du genre, Howe Gelb. On pouvait aussi y déceler dans cette culture americana quelques résidus de l’enfance de Stéphane Milosevitch passée au Texas. Bref, Thousand se posait là, élégamment perdu dans le paysage hexagonal.

En 2012, le fameux mini-album Tous les jours présentait non sans surprise le folker réinventé, nous proposant quatre titres qui ouvraient un peu les fenêtres de l’hermétisme acoustique, en introduisant dans le cercle de jeu quelques amis, mais aussi des claviers analogiques et une boite à rythmes, toujours dans l’esprit DIY. Puis le projet solitaire de Stéphane Milosevitch s’est naturellement mué en groupe, avec l’arrivée de Emma Broughton et Maud Nadal (chant), Olivier Marguerit (basse, clavier chant) et Raphaël Séguinier (batterie). Des morceaux plus ambitieux comme le superbe « Song Of Abdiction », que l’on retrouve sur ce second album, scellait cette transition artistique.

Aujourd’hui, Thousand, produit par Yann Arnaud (Air) et Frédéric Lo (Daniel Darc), tient logiquement compte de ces développements cruciaux. En guise de passage de relais symbolique, le morceau qui ouvre l’album, « The Flying Pyramid », blues/folk hymnesque tiré du premier album, est revisité dans une version 2015 électrifiée, habitée d’une énergie qui donne envie de taper du pied et danser. Une judicieuse manière d’établir un pont entre le passé et le présent. Trois morceaux du mini-album de 2012, ont également été retravaillées, les petites maladresses ont été gommées (notamment quelques chÅ“urs imprécis) rendant justice aux compositions de Stéphane Milosevitch. Force est de constater que cette ferveur collective aimant faire convoler la folk avec des textures electro organiques, mieux calibrée désormais, vise juste. On peut mesurer le formidable chemin accompli.

Les velléités electro pop sont pleinement assumées sur les titres doux rêveurs comme « A Swallow », « The Wave » et « Regret n’ Remorse », ce qui n’est pas pour nous déplaire. Mention spéciale à Emma Broughton et Maud Nadal, garde rapprochée de Thousand aux chÅ“urs, qui distillent à l’ensemble une bonne humeur contagieuse. On y décèle même quelques touches exotiques (« The Break of Day »), comme une invitation à rejoindre cette troupe complice sur leur petite île. Mais pas besoin de partir si loin, la fête qui se prépare sur scène pour leur tournée hexagonale dès avril prochain s’annonce déjà comme l’un des rendez-vous à ne pas rater de ce printemps.