Indéniablement, en matière de binôme rock, les Américains savent faire.


Indéniablement, en matière de binôme rock, les Américains savent faire. Des White Stripes aux Black Keys en passant par Japandroïds, le format minimaliste guitare/batterie prospère depuis plus d’une bonne décennie. Pour expliquer un tel phénomène aux Etats-Unis, admettons que l’approche fun et décomplexée du genre vient naturellement outre-atlantique, alors que sur le vieux continent persiste encore une certaine attitude retenue (exception faite de The Kills, mais Alison Mosshart est aussi du pays de l’Oncle Sam). Jeff The Brotherhood, aka la fratrie Jake et Jamin Orrall, (ex Be your Own Pet) incarne avec splendeur ce côté « slacker » (trad : je m’en foutiste), jusqu’au bout de leurs ongles gras. Pour résumer, Jeff The Brotherhood c’est un peu Japandroïd en version pizza et six-pack : Du riff bien gras étalé sur des mélodies imparables dans la veine du Weezer de la grande « période bleue ». Les deux frères moustachus restent fidèles à leur formule immuable depuis maintenant depuis une bonne décennie, sans que l’on trouve la moindre chose a y redire. Wasted on a Dream, huitième album, et second distribué par Warner, est un nouveau pavé lancé dans la boue. Le duo balance dix hymnes power pop binaires qui tâchent, avec en sus cette fois un son stoner concocté par Joe Chiccarelli (Shins, Real Estate, Spoon). Les amateurs de refrains brutes et bien ficelés seront largement rassasiés avec les jouissifs « Cosmic Vision » (avec un petit côté brit pop à la Ash) et « Karaoke TN ». Le clou du spectacle est sans conteste un improbable solo de flute exécuté par le seul et unique Ian Anderson de Jethro Tull sur l’excellent « Black Cherry Pie ». Du grand n’importe quoi érigé ici en art succinct. Pour relever tout de même un peu le niveau « esthétique », la mignonne chanteuse californienne de Best Coast est invitée sur « In My Dreams » (Pour la petite filliation, Bethany Consentino s’était déjà précédemment distinguée en duo avec leur idole commun Rivers Cuomo). Wasted on a Dream, est aussi régressif et rafraîchissant qu’un cône glacé. Et donc à consommer de préférence vite et sans modération.