L’ex Smith Westerns Cullen Omori n’a pas révisé ses ambitions à la baisse à l’écoute de son premier album en solitaire, au titre trompeur.



Après trois albums psyché pop passés relativement inaperçus, les précoces chicagoans Smith Westerns tiraient pourtant leur révérence en 2014. De cette rupture est née deux nouvelles entités : le groupe Whitney formé par les ex membres Max Kakacek et Julian Ehrlich, ainsi que le projet solo du leader Cullen Omori. Ce dernier n’a pas révisé ses ambitions à la baisse à l’écoute de son premier album en solitaire, au titre trompeur, New Misery, produit par Shane Stoneback (Sleigh Bells, Vampire Weekend). En effet, le songwriter americano-japonais sonne à lui tout seul comme la chorale psychédélique The Polyphonic Spree : choeurs à foison, refrains visant les étoiles, guitares électriques luminescentes, production dantesque… Loin de l’approche vintage de son précédent groupe, sa grandeur pop prend un tour résolument moderne avec la dominance désormais de claviers. Une couleur synthétique qui résulterait des tubes 80’s que son géniteur Cullen Omori écoutait à la radio alors qu’il travaillait comme agent de maintenance dans une entreprise de fourniture médicale – une période indécise où il réfléchissait à reprendre ses études. Mais le label Sub Pop, dont on ne présente plus le flaire, l’a remis dans le droit chemin de la musique. Sous sa spectaculaire mise en forme sonique puisant dans le patrimoine sacré Spector et Spiritualized, les pop songs de Cullen Omori révèlent pourtant une part d’intimité singulière, une mélancolie prenant progressivement le dessus sur les plages synthétiques evanescentes. D’autant qu’il est difficile de ne pas lui reconnaître un certain talent pour l’accroche mélodique – « Two Kind », « Cinnamon », « Sour Silk ». Ces nouvelles misères traduisent surtout un nouveau palier pour Cullen Omori, un musicien manifestement très doué pour prendre de la hauteur.
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