Entre rock et cumbia concocté au fin fond de l’Arizona, cette formation propose un mélange dont on ne sort pas un indemne.




Ils sont là, comme des mercenaires, les santiags plantées dans le désert dont ils connaissent chaque pierre. Ils feraient presque peur dans leurs costumes de cow-boys : qui arbore un sombrero, qui se drape d’un poncho.
En chipant leur noms au courant de la cumbia péruvienne, la chicha, (leur premier projet s’appelait Chicha Dust), les bourlingueurs signent certes sans rougir leurs influences, mais en le ré-orthographiant XIXA, ils entrent avec Bloodline d’un sabot de cheval dans le millénaire, fort de leur passé de rockers.
Que ce soit au côté de Giant Sand ou Calexico (what else ?), Brian Lopez ou Gabriel Sullivan ont fait leurs armes aux côtés des meilleurs dans tout l’Arizona, désormais et à tout jamais synonyme d’El Dorado musical.

Alors on pique là une rythmique lancinante, on traîne sa voix rocailleuse chauffée au soleil, à moins que la téquila n’ait fait un peu trop d’effets et provoquerait quelque hallucination. Et comme l’ambiance ne semble pas forcément rassurante, on y ajoute comme une pincée de sel sur une morsure de serpent des histoires de vampires et de tueuse, de cadavre et de frontière mal famée. Il y règne une sensible ambiance de fête des morts, de carnaval grotesque où tout serait amplifié pour mieux chasser les démons…




Tout ceci ne serait-il alors qu’une mascarade ?
Pas sûr quand le « Pressures of Mankind » nous entraine dans son tourbillon du timbre écorché de sa voix (Michael Slattery des Shoulders n’est pas loin), blâmant les affres et les vicissitudes de la vie. Encore moins lorsque, et ce n’est pas un hasard tant les univers de poussière et de chaleur plombante leur sont un dénominateur commun, Iyad Moussa Ben Abderahmane de Tinariwen apporte une nouvelle touche d’exotisme à cette musique déjà métissée. « World Go Away » ne ressemble plus alors à une simple récréation mais à un blues universel.

C’est la force de l’album d’osciller constamment entre le traditionnel et le moderne, entre le rock et la cumbia sans ciller, entre l’anglais et l’espagnol sans fioriture : de rythmes chaloupés en ambiances moites et torrides, sa progression et ses rebonds lui permettent d’échapper à la morosité ; on s’apercevra alors que l’on tient là entre les mains un disque sans temps mort (maudite ghost track de la version CD !) et qui résistera à la patine des ans, exotique et si proche, festif et érudit.



Concerts :

4 mai 2016 – FR – Paris sur France Inter dans l’émission « Partons en Live »
5 mai-2016 – FR – Clermont-Ferrand, le Festival Nouveau Western / Poco Loco
7 mai 2016 – FR – Rouen, le Le Kalif
11 mai 2016 – FR – Paris, à La Flèche d’or
12 mai 2016 – FR – St. Nazaire, Le VIP