Débarqué de Manchester, cette indie pop/folk plus que familière, élève ses harmonies tous près des sommets atteints par les Shins et Avi Buffalo.



Pour Laurie Hulme, jeune songwriter mancunien derrière le pseudonyme Songs For Walter, la musique est une affaire de famille. D’ailleurs, le Walter en question n’est autre que son grand père, dont la plupart des chansons de cet album lui sont dédiées. Elles racontent à la manière de vignettes différentes tranches de vie, tirées de la figure (grand) paternelle, comme les souvenirs des vacances du clan Hulme passées en caravane à travers l’Ecosse et le Pays de Galles (« Nick’s Song »), ou encore le premier rendez-vous amoureux de Walter avec la futur grand maman Hulme ( “Meet at The Empire”). Tout ici sonne authentique, même les polaroïds jaunis du livret sont tirés des archives personnelles du clan Hulme.

Cet émouvant hommage, Laurie Hulme l’a entamé voilà cinq ans en postant d’abord sur son Soundcloud quelques morceaux enregistrés par ses modestes moyens, puis via une série d’EPs et singles publiés sur le label Red Deer Club en 2013 et 2014. L’an dernier, le vénérable label tricolore Microcultures le prend sous son aile et sort ce premier album où ses fameuses chansons ont été réenregistrées. Un long format réalisé avec son cousin Ed Hulme qui a produit et mixé ce bel ouvrage en forme de recueil. Toujours en famille donc.




De fait, on comprend pourquoi cette petite entreprise familiale a gardé toute son innocence, toute sa pureté, qui tient aussi beaucoup dans la voix juvénile de Laurie Hulme. Car ces treize compositions, petit manuel illustré de POP DIY, provoquent en nous le même que choc que ceux provoqués par les premier albums des Shins, Avi Buffalo ou encore Youth Lagoon. Pour cette candeur naturelle, ce sens débridé du bricolage allié à une écriture d’une concision mélodique et d’une finesse prodigieuse.

Il est claire qu’en termes d’influences, l’héritage brit pop a totalement glissé sur le musicien mancunien, qui ne semble regarder que de l’autre côté de l’Atlantique. Le rock indépendant des années 90, Songs For Walter l’a dans la peau, marquée au fer rouge : les petites histoires crues de Smog, la pop/folk surdouée d’Elliott Smith en passant par la power pop low-fi de Guided By Voices… on y entend un peu de tout ça flanqué d’un caractère bien trempé, sur les arpèges vibrants de “Tougher Than a Soldier’s Boot”, jusqu’au superbe épilogue “Final Project”, qui se pose doucement. Même sur des titres tout en ferveur électrique comme “Useless” et “Purple Blue Moon/Two Out Of Ten”, Songs For Walter gardent toujours ce côté pop enfantin, cette approche ludique enthousiasmante. Démonstration confirmée l’année dernière, quand Laurie Hulme a sorti un disque hommage au doublement rageur Zen Arcade d’Hüsker Dü, revisité en mode acoustique, et réapproprié avec une malice séduisante. Quant à nous, on ne peut que se réjouir : une autre famille, celle des orfèvres pop vient de s’agrandir.



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