Après trois albums, on est pourtant toujours en peine lorsqu’il s’agit de décrire la musique d’Alt-J…


Après trois albums, on est pourtant toujours en peine lorsqu’il s’agit de décrire la musique d’Alt-J. Sans filet de sécurité, on peut se risquer à évoquer confusément une pop hybride, fusion geek de styles (electro folk, rock indé, trip hop, blues…) qui retombe chaque fois miraculeusement sur ses pieds. Mais tout cela est à la fois un peu long et court comme descriptif…. Ce qui n’a pas empêché le trio londonien Joe Newman (guitare/chant), Gus Unger-Hamilton (claviers/chants) et Thom Sonny Green (batteries) de connaître un succès conséquent dès son premier album, An Awesome Wave, disque indé de l’année 2012, qui draina derrière lui une flopée de tubes (“Matilda”, “Fitzpleasure”, « Breezeblocks »…) et autant de support sonore à des reportages sportifs sponsorisés par Redbull.

Son successeur, This is All Yours (2014), qui faisait suite au départ de Gwil Sainsbury (guitare/basse),  sauva de justesse les meubles, remettant en cause l’ADN du groupe, désormais passé trio. Suite à ce temps nécessaire d’adaptation, il faut reconnaître que ce troisième opus, Relaxer, redresse la bar. Pour cette troisième collaboration avec le fidèle producteur Charlie Andrew, Alt-J semble avoir retrouvé son instinct, ce solide flair mélodique qui lui permet d’assembler les pièces de son singulier puzzle. Huit morceaux pour un total de 40 minutes, aucun signe de remplissage n’est à signaler.  Chaque composition fourmille d’idées, possède sa propre identité. Le trio dynamite le corpus de la chanson pop, mélangeant les genres avec une capacité étonnante d’adaptation, prompt à leur génération ultra connectée. Comme sur “3WW”, fabuleuse entrée en matière qui concentre sur près de cinq minutes l’intégralité du Mezzanine de Massive Attack. En outre, six morceaux sur huit bénéficient d’arrangement de cordes enregistrés avec l’orchestre philharmonique de Londres. Le plus impressionnant, « House of the Rising Sun », est une majestueuse et moderne relecture d’un traditionnel folk, à faire dresser le poil. Autre symphonie de poche notable, « Adeline », adaptée d’une mélodie composée par Hans Zimmer pour le film La ligne rouge, est une folk song atmosphérique au souffle crépusculaire. Plus de voix féminines également sont présentes plusieurs titres : celle d’Ellie Rowsell, la chanteuse de Wolf Alice, sur “Deadcrush” et “WW3”, ainsi que Marika Hackman déjà entendu sur l’album précédent et ici sur le beau et épuré « Last Year ».

Sans aucun doute, Relaxer est du pur condensé d’Alt-J. Si on ne peut pas dire encore le trio boxe dans la même catégorie que Radiohead, il serait aussi un peu trop facile de lui reprocher de rester dans sa zone de confort. Leur son n’est peut-être pas aussi poussé que la bande à Thom Yorke, mais possède cette qualité d’être en phase avec son époque, reflet d’une société qui emmagazine des milliers d’informations à travers une multitude de filtres et les interprète à sa façon. C’est peut-être pour cela qu’Alt-J, au-delà de son impressionnante boulimie musicale, nous demeure toujours si familier, si attachant.

 

En tournée : le 3 Juillet à Lyon pour les Nuits de Fourvière, et le 23 juillet à Paris pour le Lollapalooza festival.

Infectious Music/Pias – 2017

http://www.altjband.com/

https://www.facebook.com/altJ.band

Tracklisting :

  1. 3WW
  2. In Cold Blood
  3. House Of The Rising Sun
  4. Hit Me Like That Snare
  5. Deadcrush
  6. Adeline
  7. Last Year
  8. Pleader