Rendez-vous immanquable avec le premier album intense de ce quintet post-punk parisien, produit par Ben Greenberg (The Men).


Tout d’abord, il faut se méfier du nom : « Rendez-Vous », ça sonne typiquement français, du genre que les anglophones aiment à utiliser avec un accent qui le rend si… mignon. Bien. Et puis, « Rendez-vous », c’est une invitation, c’est convenue, et généralement souhaité par les deux partis. Bref, c’est positif. A moins qu’il ne faille le prendre dans le sens de l’injonction, et cela prend alors ici tout son sens: « rendez-vous !»

En effet, ces jeunes Parisiens, auteurs d’un déjà excellent premier 6 titres, Distance, produit par Ben Greenberg des récents mais non moins cultes The Men, et dont le morceau éponyme nous avait cloué encore plus profond dans notre canapé, ne brillent pas à la première écoute par leur cordialité. Et ça tombe bien, c’est tout ce qu’on aime. Comme on se délecte du cynisme de certains titres (« Euroshima »), de cette ambiance austère, Cold Wave ou Post Punk – faites votre choix, de ces lignes de basses excessivement rigides, de cette caisse claire électronique…

Vous l’aurez compris, nous sommes en plein dans les années 80, la décennie honnie, avec tout ce qu’elle portait d’exubérance, de boursouflures, de stroboscopes. Du fluo, partout du fluo. Et avec, aujourd’hui,  les revivals musicaux 60’s et 70’s qui commencent à s’éterniser, et quelques étincelles ici ou là (Savages, Moaning, Fufanu, ou les moins connus mais tout aussi brillants Holograms), beaucoup se demandent quand les 80’s version post punk vont enfin reprendre le trône. Et Rendez-Vous de s’engouffrer dans la brèche, avec donc ce « Distance » lancé en 2016, après 2 EPs déjà prometteurs, mais moins tranchants.

« Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage ». Certes. Mais deux ans, c’est long, et c’est justement de cette dose de rage froide dont on commençait à sérieusement manquer. Superior State semble avoir été réfléchi, peaufiné son art. En guise de retrouvailles, une gifle : « Double Zero », au tempo robotique, à la voix martiale, déclamant des textes sombres, énigmatiques (« I hate you more and more, I need you so »), présageant du climat des titres à venir : nihiliste, intransigeant, glaçant. La pression ne retombe pas, « Superior State » poursuit dans la veine Soft Moon avec ses sons synthétiques crispants, tout comme le single « Sentimental Animal », aux accents très Joy Division.

Varié, l’album ralentit le tempo mais ne réchauffe pas l’atmosphère, gavée de reverb sur « Last Stop », proposant un peu plus de légèreté sur « Middle Class ». Un peu d’éclectisme tout en gardant une unité de style qui pourrait en faire un album concept. Rendez-Vous n’est cependant pas un groupe revival, ils revisitent une période en profondeur, certes, mais la qualité et surtout la modernité de la production, des idées, ne laissent aucun doute sur leur époque : ils sont bien du futur.

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Tracklisiting:

  1. Double Zero
  2. Paralyzed
  3. Sentimental Animal
  4. Last Stop
  5. Superior State
  6. Crisis
  7. Middle Class
  8. Lakes
  9. Exuviae
  10. Order Of Baël