L’Anglaise Nilüfer Yanya confirme les espoirs placés en elle avec un premier album multivitaminé.


En 2016, Nilüfer Yanya a 20 ans quand, après avoir publié ses premiers morceaux sur SoundCloud, elle est contactée pour rejoindre un girl band organisé autour de Louis Tomlinson, un des chanteurs de One Direction. La jeune femme refuse, et trace sa route seule. Bien lui en a pris. Sa reprise de « Hey » des Pixies ainsi que ses trois premiers EP, mêlant rock acoustique et soul lénifiante, ont depuis fait naître autour d’elle une certaine attente, une partie de la presse spécialisée allant jusqu’à la qualifier de jeune prodige de la pop actuelle. La jeune londonienne a d’ailleurs déjà pu assurer les premières parties des XX, Interpol, Mitski, et plus récemment Sharon Van Etten. Fin mars dernier, elle a dévoilé Miss Universe, son premier long format aux 17 pistes flambant neuves. Un premier opus qui sonne comme une jolie confirmation. Dans cet album, ses compositions s’embellissent pour venir plus aisément nous enfiévrer.

Miss Universe, c’est pourtant d’abord une voix robotique, celle incarnant la boite vocale téléphonique d’une société de soins qui nous guide et nous incite à lui préciser le mal qui nous ronge. Une manière de parsemer l’album de moments de confrontation avec une société anxiogène. Nous sentons-nous souvent seul, en proie à une paranoïa profonde ? Nous sentons-nous observés, suivis ? Appuyons vite sur la bonne touche, et commençons la thérapie sonore multivitaminée proposée par l’artiste britannique aux multiples origines (turques, irlandaises, barbadiennes).

En guise de spectaculaire ouverture, « In Your Head » déroute par son parti pris garage rock au rendu bien plus brut que ce que l’artiste avait pu jusqu’alors nous proposer. Pourtant, mieux vaut attendre d’avancer un peu dans l’album pour y redécouvrir le métissage entraperçu dans ses précédents EP, un savoureux panachage d’influences néo-soul et de smooth jazz, où les riffs saturés ne se trouvent pour autant jamais très loin. On peut alors également faire meilleure connaissance avec cette voix sautillante, se plaisant à jouer avec les silences et les aigus à la manière d’une Dolores O’Riordan, mais au timbre plus velouté qu’on pourrait rapprocher de Romy Madley Croft des XX voire même Sade. On s’embarque alors dans le swing désaltérant de « Paralysed ». Sous un soleil plombant, on fait fondre les glaçons de notre menthe à l’eau pour apprécier « Paradise » et « Melt », et leur rafraîchissante brise de saxophone, sans oublier les arpèges ciselés et dansants de « Angels ».

Tout au long de l’album, cet assemblage assumé de courants et d’ambiances fonctionne pour former un cocktail habilement proportionné. Et nous prenons du plaisir à le siroter jusqu’au bout, dans l’antichambre de l’été qui s’annonce. L’ultime morceau, « Heavyweight Champion of the Year » est une très belle manière de nous quitter, avec une voix semblant dompter les aigus à la façon d’une équilibriste, toujours sur un fil, et se prolongeant par une stimulante conclusion qui reconvoque l’énergie rock de la première piste de l’album. Le genre de sortie qui nous scotche et nous met d’ores et déjà dans l’attente de la suite. Ce premier album est en effet bien du genre à faire d’elle une artiste à suivre de près.

ATO Records/Pias 2019

http://atorecords.com/artists/nilufer-yanya/

https://www.facebook.com/niluferyanya/

TRACKLIST :

  1. WWAY HEALTH™
  2. In Your Head
  3. Paralysed
  4. Angels
  5. Experience?
  6. Paradise
  7. Baby Blu
  8. Warning
  9. Heat Rises
  10. Melt
  11. « Sparkle » God Help Me
  12. Monsters Under The Bed
  13. Safety Net
  14. Tears
  15. The Unordained
  16. Give Up Function
  17. Heavyweight Champion of the Year