Un jeune garçon moderne épris de Taxi Girl et Daho nous embarque entre les parallèles de la cold wave et la pop française.


Avis aux mélomanes lassés de chercher des pépites indie-rock outre-manche, le projet solo du Brestois Mickael Olivette, apporte un vent de fraîcheur avec son premier album Mirage. Après avoir fait ses armes dans divers groupes tels que Cavale Blanche ou Djokovic, Olivette vogue désormais vers des eaux plus intimes, fort d’un premier  EP sorti en 2017. Pour arriver donc à ce premier long format du bien-nommé Tropique Noir.

Sur la pochette réalisée par le Rennais Aloïs Lecerf de Voyons Voir, la photo prise par le père de Mickael, une coulée de lave réduisant en cendres la végétation Réunionnaise dans les années 90, suggère un album sauvage et destructeur.  Mickael Olivette nous entraîne dans son microclimat où les éléments se toisent et s’entrechoquent. La guitare lumineuse de Régis Rollant, la basse aux entournures new-wave de Ghislain Fracapane et la batterie martiale et entraînante de Maëlan Carquet entrent en osmose pour servir de support à sa voix suave et grave, quasi-dramatique, qui rappelle celle d’Etienne Daho. Baigné dans une cold-wave mélancolique, ce premier album est une invitation à l’évasion, voire à la perdition. Le premier single, « BGS » donne le ton avec ses paroles inquiétantes « Rapproche-toi, viens me frôler, dépêche-toi sans te suicider », posées sur une instru exaltante et sombre qui n’est pas sans rappeler celle des Russes de Motorama.

Sans tomber dans un chauvinisme aigu, il faut admettre que la langue française s’avère parfois plus efficace à transmettre l’intensité des émotions – et Tropique Noir nous le prouve ici.  Et des émotions, il y en a dans ce premier opus puisque Mirage est l’exutoire d’un auteur qui semble vouloir exorciser ses pensées sombres en les transcrivant de la manière la plus brute et la plus sincère. On y trouve ainsi des titres doux empreints de spleen comme « Automne », avec sa ligne de basse qui sert de colonne vertébrale au morceau. Mickael Olivette joue aussi avec les sens sur « Didine » où « l’odeur est fluide et enivrante et le soleil est blanc et bleu ».

Mirage distille aussi des humeurs sombres, tel « Je t’en vais » et son intro aux sonorités orientales « Tu me retrouveras mort dans une mare de sang profonde » ou 61 « Il y a 61 jours que je ne pense plus à demain ». Ambiance. Mais quand les tourments de l’âme s’associent à une musique lumineuse et aérienne, le résultat ne peut qu’être splendide. Ce voyage sur les terres chaudes et humides issues des songes d’Olivette s’achève avec « Carte Rouge », dernière étape d’un album à la poésie noire.

A la fin de l’écoute, on sort de ce SPA auditif avec une étrange sensation de plénitude intérieure, tout en restant fortement imbibé par sa mélancolie.

Music From The Masses – 2018 (sortie le 24 mai)

www.facebook.com/tropiquenoirmusic/

 


Tracklist :

1 – La Grande
2 – BGS
3 – Oui Ken
4 – Automne
5 – Didine
6 – Je t’en vais
7 – 61
8 – Mirage
9 – Boloss Boloss
10 – Carte Rouge