Qu’ils ont l’air d’avoir grandi, déjà, les lauréats du Ricard Challenge cuvée 2017, qui, quelques mois plus tard passaient sur la grande scène de Rock en Seyne. Casquettes, lunettes de vue, petit short à la Angus, un short d’écolier. « The Thread » pas encore dans les bacs, ils envoient alors une palanquée de titres conquérants, agressifs, menés par le jeu de guitare virtuose de Théo, tout sourires avec ses compères Ben et Max, entre deux cris bestiaux, scandés à l’unisson. Le public est médusé, Lysistrata vient de passer sa première grande scène, mention facile.

« The Thread”, sortit 2 mois plus tard, confirme et conserve cette énergie, enregistré live sur bandes, donnant naissance à certaines merveilles telles l’alambiquée « Sugar & Anxiety », la puissante « Answer Machine », et les deux tubes « The Thread » et « Asylum », tous dans une veine math/noise avec une rythmique en béton fibré (ndr : ce béton qui permet de faire de fines dentelles ultra résistantes, comme pour le Mucem à Marseille). Sur ce monolithe se pose la guitare, sinueuse, imprévisible, narguant l’époque révolue ou le second guitariste attendait sa minute de gloire pour sortir un solo sur chaque chanson, car chez Lysistrata, le soliste se charge de la rythmique.

Toujours produits par Michel Toledo (King Khan Experience, Psychotic Monks) aux studios Black Box (Last Shadow Puppets, The Kills), « Breath In/Out » se compose de deux faces clairement dissemblables, alors que le processus de création semble avoir été des plus aléatoire : jouer et rejouer des riffs dans tous les sens, et finir par trouver les meilleures combinaisons possibles. En résulte un amas de riffs et de mélodies assez impressionnant, dissonants, qui se mettent cette fois ci au service du chant, mis en avant.

Aussi, nos espoirs sont rapidement confirmés : « Different Creatures », percutantes, ressemble à du Lysistrata, un brin plus ambitieux dans la production. Changements de tempos, rythmes soutenus, un soupçon d’ambiance Emo, c’est la recette appliquée à la première face, offrant des moments d’urgence hardcore (« Boot On A Thistle »), un titre plus pop et chaloupé (« Scissors »), et un tube-rouleau compresseur (« Death By Embarrassment »). Enfin, « Mourn », extrait envoyé en avant-première en fin d’été et assorti d’un magnifique clip signé Margaux Chetteau (dont on recommande aussi l’excellente vidéo pour Ropoporose, « Consolation »), assure la transition, alternant brutalité et délicatesse, dans un ambitieux déluge de mélodies aux sonorité célestes.

Puis, ce sont quatre titres, plus longs, plus calmes, qui viennent clore l’album. Et si on regrettait le manque d’un vrai chanteur sur le précédent, ces plages plus étendues et plus chantées nous permettent justement d’en apprécier l’évolution, notamment en termes d’émotion sur la jolie « End Of The Line ». Sur celle-ci le narrateur semble scotché a son canapé, prisonnier de son oisiveté, de ses sensations, tel l’auditeur, en miroir, le casque posé sur ses oreilles.

 

 

2019 – Vicious Circle

tracklisting:

  1. Different creatures
  2. Death By Embarrassment
  3. Scissors
  4. Boot On A Thistle
  5. Mourn
  6. End Of The Line
  7. Everyone Out
  8. Against The Rain
  9. Middle Of March

 

Crédit Photos:

couverture: Lily Bineau

corps d’article: Deadly Sexy Carl