Rituels, invocations, sacrifices… entrez dans la trans psychédélique de ces prometteurs Rouennais!


Une forêt, l’hiver. La lumière, froide, nous passe au-dessus. En contrebas, coincé dans une tombe, nous observons un personnage masqué. Il nous observe. Ou peut-être est-il de dos, et nous laisse là ? Un Amas de terre et de pierres nous sépare de lui… et du ciel, de la liberté. Cette pochette énigmatique rappelle celle, légendaire, du premier Black Sabbath, mélange d’épouvante à peu d’effet et de sorcellerie. Dans le cas de Alien (comprendre l’« étranger », celui venu d’ailleurs), premier album de ces trois jeunes Rouennais fans de A Place To Bury Strangers et Dead Skeleton  (également membre de l’écurie Londonienne Fuzz Club), le thème sera plus précisément le rite, le sacrifice, l’inhumation. Un « sacré » programme.

Des idées noires au service d’une musique dense, monolithique, gavé de reverb, qui rappelle forcement les Texans psychédéliques The Black Angels. C’est d’ailleurs leur ingé-son, Brett Orrison qui est aux manettes, leur concoctant ce son ample et mystique, comme enregistré dans une cathédrale. La basse est moelleuse, (« Rà »), la batterie martiale, le chant incantatoire, stoïque. La guitare s’évertue à noyer le tout dans la réverbe et les effets divers (« Soon », « II »). C’est beau. C’est aussi à la fois hallucinogène et terriblement froid. Si on osait, on parlerait de cold-psyché. « Les paroles décrivent des scènes imaginaires dans lesquelles des personnages sont sacrifiés dans le but de satisfaire des dieux fictifs, dixit le trio. Ce genre de description apocalyptique nous permet de pouvoir utiliser tous les termes et le vocabulaire qui va avec ». Album concept, monochrome, les titres s’enchaînent, et dès « I », la torpeur, méditative, s’installe. « Rà » est une ballade enivrante, un conte sur le Dieu Soleil Egyptien, quand « Pyre » (le bûcher) prend des accents un tantinet plus 80’s. Shoegaze et pachydermique, « II » laisse rêveur quant à la puissance qu’elle pourra dégager sur scène, et à la vue du clip ci dessous, on imagine très bien les effets visuels stroboscopiques qui pourraient aller avec. Le tempo s’accélère sur « Yajña »  (le feu sacré, en Sanskrit) qui conclut l’album, et l’ambiance prend des allures post-punk. Comme une ouverture sur la suite ?

2020 – Fuzz Club

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Tracklisting:

  1. I
  2. Pyre
  3. Soon
  4. II
  5. Room 3
  6. Yajña