Il faudra bien l’admettre « Rien ne se perd, tout se transforme », et ce même dans l’univers du rock alternatif. Silverchair, l’explosif trio Australien ne fait pas exception à la règle. Leur nouvel album Diorama concrétise une démarche pertinente de recherche musicale, vers un rock plus aérien, plus entier et considérablement plus sophistiqué que celui de leur début.


Si vous êtes convaincu qu’un véritable artiste se reconnaît par ses efforts perpétuels pour déceler de plus suprêmes moyens d’expression, Daniel Johns, le songwriter chanteur multi instrumentiste de Silverchair, en est alors un à part entière.
En effet, ce qui frappe en premier à l’écoute de Diorama, c’est le radical tournant qu’a pris le groupe en matière d’écriture et de composition. Eux qui nous avaient habitué à un rock lourd sans fioriture, souffrant souvent d’un manque de fluidité que l’on s’accordait à mettre sur le compte de leur jeune âge, nous livrent ici des chansons beaucoup plus mélodiques et définitivement plus travaillées, marquant un net passage à la maturité artistique de leur géniteur.
On se laisse ensuite surprendre par la large palette d’ambiances musicales abordées. On passe en effet de « World upon your shoulder », une ballade aux vocaux aériens à la Jeff Buckley, pour arriver à « Tuna in the brime », un étonnant opus pianistique à influence Tori Amos-ienne, et tout ça en passant entre autre par « Without You », un morceau de rock très accessible, dans la lignée de « Black Star » de Radiohead. Bref, vous l’aurez compris l’album fait preuve d’une diversité musicale interessante dont Silverchair ne nous avait encore jamais gratifié.
La production est elle aussi à la hauteur de la recherche artistique des compositions. David Bottrill, qui a entre autre collaboré avec King Crimson et Kid Rock, en est l’auteur et n’a pas hésité à sortir l’artillerie lourde pour célébrer l’évolution musicale du groupe. Avec des arrangements orchestraux de haute voltige à laisser pensif John Williams, ce dernier album offre un bon exemple de production sophistiquée dont l’efficacité a su être préservée.
Avec onze titres majoritairement bien réussis, Diorama est un album de qualité qui marque l’avènement d’un nouveau Silverchair. On est loin, très loin de Freak Show ou Neon Ballroom. Il est de ce fait à prévoir quelques réactions négatives de la part des fans nostalgiques de cette époque, néanmoins, Diorama avec ses radicales évolutions, est à mon humble avis, à classer comme le meilleur album du trio Australien.