Mine de rien, les Primal Scream sont présents depuis maintenant une bonne quinzaine d’années. Une longévité redoutable pour un groupe de rock digne de ce nom. Mais Bobby Gillepsie est bien plus malin que la moyenne des groupes de la branche indie.
La pochette rappelle un autre grand album déjà vieux de 15 ans, le mémorable Sister (1987). On y voit des bouts de collage à mi-chemin entre Dadaïsme aigu et Pop Art symbolique (clin d’oeil aux non moins fondamentaux Sonic Youth, encore un groupe auquel le temps ne semble pas avoir d’emprise). Un visuel à l’image de la musique des Primal Scream : mystérieuse, expérimentale, garage mais toutefois accessible.
Bobby Gillepsie et sa troupe ne font pas partie de ces blanc becs qui sortent un premier album fantastique, puis n’arrivent à transformer l’essai de retour en studio. Depuis Screamadelica, Bobby Gillepsie est ce leader hors norme qui plonge son combo dans une sorte de trou noir, un voyage cauchemardesque à travers des albums tout droit sortis de Lost Highway.
Voilà un combo qui n’a jamais eu peur de se remettre en question, et qui plus est – cerise sur le gâteau- n’endort pas son audience à coups d’artifices bien souvent dérisoires. Avouons le, les 2/3 des albums volontairement audacieux reçoivent un respect poli de la part de l’auditeur, mais ne squattent pas très longtemps la platine. Avec Primal Scream, c’est tout autre. Les bougres sont responsables de deux albums fondamentaux des 90’s : Vanishing Point et le dantesque XTRMNTR. Pour le cas du dernier cité, nul doute que la presse spécialisée le citera dans dix ans parmi les must de l’intelligentsia rock.
Alors qu’en est-il de ce nouvel album. Arrive-t-il à tenir la cadence? Disons que le chemin a été parcouru aux ¾. Tout était disposé pour qu’ils enfantent d’un grand album : des invités prestigieux (Jim Reid, Robert Plant [?], Kate Moss [???], Kevin Shields[!!!!]), des producteurs visionnaires (Two Lone Swordsmen, Kevin Shields [encore!]) et quelques compos imparables.
Mais c’est quoi qui ne va pas me direz-vous? Et bien on ne sait pas trop, en fait. Peut-être les quelques tirades rock n’ roll qui débarquent comme un cheveu dans la soupe au milieu de l’album et n’apportent rien à l’édifice. Ou peut-être aussi ce sentiment d’avoir déjà entendu quelques morceaux sur les albums précédents. Attention, Primal Scream est toujours loin, très loin devant le cortège, et vous aurez droit à quelques tueries digne du groupe. Mais la surprise n’est pas au rendez-vous. Du moins, pour cette fois.