Pour bien commencer 2003, on ne va pas se gêner pour parler des albums passés inaperçus l’année dernière : Spoon fait parti de ceux là. Sorti il y a quatre mois dans l’indifférence générale, Kill The Moonlight est pourtant un monument de rock Lo-Fi.


On veut bien reprendre de ce dessert avec des cuillières pareilles. Honteusement ignoré dans nos contrées pour cause d’une distribution caverneuse voire inexistante de leurs quatre albums respectifs depuis ses débuts en 1996, Spoon mérite pourtant bien mieux que de l’indifférence.

Derrière ce nom assez ridicule se cache Britt Daniel (voix/guitare et bidouillage sonore) et Jim Eno (batterie), deux texans délurés originaire d’Austin ayant une passion commune pour la tranche underground du rock américain (comprendre Pixies, Pavement, Guided By Voices et consorts…). Faisant appel à divers collaborateurs externes pour étayer leur son, les albums précédents se distinguaient par un répertoire imitant avec flagrance les groupes citées plus haut, le groupe révélait déjà un talent indéniable pour écrire des chansons efficaces.

Avec Kill The Moonlight, les cuillères semblent désormais avoir trouvé la formule magique leur ouvrant les portes d’une identité propre grâce à un savoir-faire artisanal tout simplement époustouflant. Voilà le genre d’album qui sent bon l’enregistrement 4 pistes confectionné amoureusement dans sa chambre. L’inventivité de la production peut sembler rêche aux premiers abords mais laisse entrevoir ses contours sucrés après quelques écoutes. Une galette si fragile que l’on aurait presque du mal à la faire partager de peur de briser la relation intime instaurée.

On pense forcément au premier album de Sparklehorse pour ce côté boiteux (piano bancal, guitare très artisanale). Construit la plupart du temps sur un riff accrocheur, la musique de Spoon se révèle énergique mai ne néglige pas les harmonies. Sur Jonathan Fisk, les bougres empruntent honteusement les premières mesures du couplet du 20th Century Boy de Marc Bolan pour un résultat divinement jubilatoire.

Dernière recommandation, foncez directement sur Vittorio e, la dernière plage de l’album : Spoon nous donne sa vision des Beach Boys en 2003. Un régal.