Amateurs de secousses sismiques, bienvenue dans le monde merveilleux de Kinski. Originaire du No Man’s Land Grunge appelé Seattle, ce combo instrumental donne un aperçu magistral de ce que pourrait sonner le Radioactivity de Kraftwerk augmenté des guitares de Mogwai.
Voilà le genre de disque « Combat Rock » que l’on recommandera fortement aux forces militaires en partance pour le Golfe. Originaire de la patrie de Georges W. Bush, ce quartet de Seattle (en majeure partie) instrumental développe une musique post-rock tendance « lourde ».
La légende raconte que Kinski est né il y a quatre ans lors d’une discussion de comptoir sur les bienfaits des enregistrements analogiques face à l’envahisseur numérique. Fidèle à cette éthique, Chris Martin (guitariste), Lucy Atkinson (bassiste) et Dave Weeks (batteur) se sont le lendemain même résolus à élaborer un son organique, fortement influencé par la scène noisy psychédélique des 80’s (Spaceman 3, My Bloody Valentine) et les groupes d’avant-garde 70’s via Neu! et Can.
Avec Airs Above Your Station, troisième album du quartet de Seattle, Kinski joue désormais dans la cour des grands. L’arrivée d’un second guitariste/claviers Matthew Reid-Schwartz, a permis d’étoffer le son du groupe vers de nouvelles voix plus électroniques, tout en conservant l’urgence rock. Il faut souligner aussi la production épatante de Kip Beelman (plus connu pour ses travaux passés d’ingénieur du son chez Built To Spill, Sleater-Kinney et David Byrne) parvenu à restituer la puissance scénique du groupe, ce qui n’est pas une mince affaire.
Sur les huit plages que contient Airs Above Your Station, plus de la moitié dépasse les formats standards d’écoute et s’étire en général sur plus de sept minutes. Explication : tel un prédateur, les riffs vengeurs alliés à des textures synthétiques prennent le temps d’atteindre leur cible pour enfin se réveiller en un chaos hypnotique fédérateur, dont la synthèse parfaite s’illustre sur le plat de résistance Semaphore.
Sur Rhode Island Freakout – seul titre au format single- l’énergie dégagée remémore les prestations scénique d’un Death In Vegas lorsque leur folie Stoogienne prend le dessus. Parfois, la tempête de décibels fait place à l’accalmie. Sur trois titres, des boucles ambient accompagnent quelques notes d’arpèges (le thème en deux parties d’I Think I Blew It ). Un bref interlude qui permet à nos oreilles durement secouées d’avoir un peu de répit.
Airs Above Your Station n’est pour l’instant disponible que sur le vieux continent, mais le buzz inauguré de l’autre côté de l’Atlantique risque bien de changer la donne. Le groupe compte déjà dans ses rangs des admirateurs tel que les incontrôlables Bardo Pond et les bruyants New-Yorkais de Blackdice. Des références de bon goût qui en disent long sur le travail d’orfèvre que vient d’apporter Kinski en matière d’énergie rock.
Le site officiel de Kinski : www.kinski.net