Après une longue traversée du désert, les hollandais de Bettie Serveert nous avaient agréablement surpris l’année dernière avec un Private Suit revigorant. Il ne manquait plus que le retour de Carol Van Dick pour que l’esprit festif soit au complet. Log 22 rectifie donc le tir.


Bettie Serveert fait parti de cette vague de groupes alternatifs qui ont eu leur quart d’heure Wharolien durant les années 90. Un groupe à l’originalité peu florissante, mais dont la modestie et le don évident pour trousser des mélodies accrocheuses pardonnaient largement cette petite faiblesse.

Formé à Amsterdam au début des années 90, le très bel ouvrage fourni sur leur premier album Palomine (1992) Matador – Remember cette pochette mimi avec le toutou? – leur a ouvert les portes de la reconnaissance. Celle-ci restera pourtant par la suite entre-baillé, le quatuor ne parvenant jamais vraiment à renouveler la fraicheur du premier effort. Les diktats de la mode musicale finiront d’exercer une mauvaise emprise sur leur carrière, et ceux malgré quelques albums sympathiques. Un changement de label et quatre albums plus tard, Bettie Serveert fait figure de survivant dans le milieu du music business. Le groupe continue à tracer son chemin malgré les tempêtes et changement de label. L’année dernière, son album Private Suit épaulé par John Parish (PJ Harvey) semblait confirmer un retour en forme.

Mine de rien, Log 22 est déjà le sixième album du combo (si l’on inclut leur hommage live au Velvet Plays Venus…). La voix séduisante de Carol Van Dick -qui co-produit aussi l’album avec Peter Visser- est de retour après un petit intermède country, ce qui constitue le principal attrait de ce nouvel album. Contrairement à la pochette façon Moldy Peaches, le groupe n’a pas viré de bord vers le courant antifolk. Au contraire, Log 22 confirme une quête éternelle de la chanson pop « indé » parfaite. Leur formule – assez efficace il faut le dire – se bonifie avec le temps.

Pas dépressif pour un sou, des titres comme « Wide Eyed Fool » et « Smack » possèdent ce charme immédiat qui font que les mélodies nous poursuivent dans le métro bien malgré nous. Au rayon romantique, « Cut n’Dried » est une jolie ballade facile à retenir, c’est tout ce que nous demandons et c’est pas si facile à trouver de nos jours. Le groupe se permet même une incursion pop-disco sur « Love In » et joue du coup dans la cour des Cardigans (toujours 90’s dira-t-on).

Le seul véritable défaut de cet album repose sur sa longueur, mais il ne tient qu’à nous d’écarter ces quelques titres encombrants. A l’instar des londoniens de Drugstore (dont le passage au troisième millénaire semble leur avoir été fatal) Bettie Serveert est un groupe attachant qui n’a d’autres ambitions que de nous faire passer un bon moment avec ses subtiles chansons pop sucrées. Il serait injuste de passer à côté de cet album parce que l’heure est à l’artillerie lourde avec les fameux groupes en « The ». Tout comme le sublime album Songs For The Jet Set de Drugstore fut totalement ignoré voilà deux ans, il serait dommage de refaire la même erreur.