Avec Music in a foreign language, Lloyd Cole revient à ces premiers amours folk rock. Une guitare, une voix et quelques arrangements sobres font de cet album un joyaux dont on se souviendra encore dans vingt ans. Un classique!


Combien de musiciens se perdant dans des albums aux arrangements sophistiqués sans grande inspiration, se sont retrouvés, à composer un disque acoustique. On efface tout et on revient aux racines folk.
Cotoyant l’essence même de la musique folk, à savoir une mélodie jouée sur une guitare accompagnée d’une seule voix, Lloyd Cole s’est débarrassé de ses tics lourds, de son rock pompier pour interpréter ce qu’il sait faire de mieux, des ballades acoustiques.

Llyod Cole est avant tout un songwriter, ce qui sous-entends avoir un talent d’écriture. Alors pourquoi habiller des chansons qui à l’état brut sonnent parfaitement?
Sur la lancée de sa tournée solo acoustique, Lloyd Cole a gravé dix titres d’une pure merveille, digne d’un Leonard Cohen et d’un Bob Dylan, des chansons qui dans vingt ans n’auront pris aucune ride.

Music in a foreign language peut être vu comme la suite logique de l’album précédent Love Story, tant l’atmosphère qui se dégage de deux oeuvres sont proches. Lloyd Cole est de ces personnes qui vous émeut une fois les muscles détendus, les masques tombés avec simplement sa voix. La différence avec Love Story réside dans la composition ici plus minimale, qui ne veut pas dire simpliste mais sans artifice. Une mélancolie bercée par quelques instruments tributaires de l’environnement folk.

A l’heure où certains artistes essaient de maîtriser les technologies les plus pointues, le quarantenaire (déjà!) nous prouve que l’acoustique restera toujours le moyen le plus sensible pour toucher les âmes.

Dès l’ouverture de l’album, la chanson titre « Music in a foreign language » plante le décor, des mélodies qui s’interposent, des mots plein de sens, une musique à chanter tout seul. Lloyd Cole a conçu un album intime qu’il pourrait aussi bien chanter pour ses proches, que pour une assemblée venant partager quelques bouts de soi. Comme au coin d’un feu, la nuit tombée, on l’écoute presque religieusement nous raconter des histoires d’amour tristes (« No more love songs »), ses blessures (« My other life »), son amertume. Ce recueil de chansons peut être vues comme un tournant dans la carrière de Lloyd Cole, en passant par une reprise plutôt révélatrice des nouvelles aspirations de cette ancienne gloire eighties (« People ain’t no good » emprunté à Nick Cave).

Loin des exigences commerciales qui imposent des chansons formatées, Lloyd Cole a enregistré un album confidentiel comme pour exorciser une partie de sa vie. Laissant le rock de stade à ceux qui savent mieux le faire que lui, l’auteur de No blue sky s’est concentré sur l’écriture et a conçu un disque qui colle parfaitement à sa vision de la musique, simple et directe, remplie d’émotions.

De ces compositions on retiendra leur nudité et sincérité révélatrices de toucher l’auditeur au plus profond de son émotion sans utiliser nécessairement des arrangements de velours. Dévoilant ses structures et richesses, l’écriture de Lloyd Cole n’a jamais paru aussi intense; on ne l’a jamais autant aimé que dans sa forme acoustique.

– le site officiel de Lloyd Cole