Une moitié de 16 Horsepower nous livre sous le nom de Lilium un album où se cotoie une partie de la crème de la scène indépendante poprock. « Short Stories », deuxième album de Jean-Yves Tola et Pascal Humbert, révèle une écriture digne des meilleurs songwriters actuels. A écouter d’urgence foi de Pinkushion!


Alors que 16 Horsepower vient de voir paraître une compilation de ses premiers enregistrements, sous le nom de Olden, deux des membres du groupe de Denver nous offrent un des meilleurs albums sortis dans cette période estivale.
On connaissait la richesse musicale des 16 Horsepower mais autant être sincère nous ne sommes qu’au début de nos surprises tant se cachent derrière cette formation de musiciens talentueux un don d’alchimie.

D’un côté David Eugene Edwards qui par son projet solo Woven Hand explore des terres intimes, laissant à sa musique plus d’espace et de silence que sur la plupart des compositions pour 16 Horsepower mais toujours aussi habité (il faut voir Woven Hand jouer live la musique pour la chorégraphie « Blush », on n’en sort pas indemne); de l’autre Pascal Humbert et Jean-Yves Tola avec Lilium empruntent des directions surprenantes dont ils ne nous avaient pas habitué.

Short Stories fait suite à Transmission of all the good-byes, premier album de Lilium qui était en fait la seule oeuvre de Pascal Humbert. Aujourd’hui épaulé par Jean-Yves Tola, Lilium ouvre ses portes à plusieurs musiciens. Ainsi, Short Stories a été conçu comme un ensemble de collaborations où on retrouve entre autres Tom Barman de Deus, John Grant des Czars, Dana Colley et Billy Conway de Morphine.

Les deux leaders de Lilium se sont concentrés sur la musique jamais mise autant en avant donnant l’impression qu’à elle seule elle porte la voix des différents protagonistes. Il faut écouter « Cavalcade » ou « The trap » et se laisser happer par le saxophone qui se mélange à l’orchestration pour atteindre des sommets rarement atteints dans un format pop, la voix du leader des Czars faisant le reste.

Pascal Humbert et Jean-Yves Tola remplissent l’espace des chansons par une atmosphère planante grâce aux voix des musiciens bien dirigées et une instrumentation inspirée, quelques touches de piano, une ligne de basse, une guitare.

Si l’ambiance est plutôt pesante sur « Short Stories », alors elle est traversée par une lumière nuit bleue. Entre jour et ombre, les compositions de Lilium deviennent le tableau de la mélancolie, de la tristesse, de l’amour, de la beauté.

En rassemblant une poignée de musiciens représantant une partie de l’épine dorsale de la scène indie, Tola et Humbert ont échappé à cette contrainte d’écriture poprock qui pouvait les obséder pour arriver à un schéma d’arrangements épousant des formes musicales peu rigides qui atteignent une dimension stratosphérique.

Pour le bien commun du projet Lilium, l’ego de chaque complice a été mis en sourdine. Des chansons comme « sorry », duo entre Kal Cahoone et Tom Barman, ou « whitewashed » chanté par David E. Edwards, transfigurent l’album au fil des écoutes et présagent d’aventures encore inédites et peu modelées au sein de 16 Horsepower.

De ses collaborations, Pascal Humbert et Jean-Yves Tola franchissent une étape de leur émancipation musicale déjà si fournie. Ils mènent leurs mélodies vers des reliefs chaotiques qui sous des airs d’apaisements abritent de fortes turbulences. En force, en caresse, entre dépouillement et simplicité, Lilium nous gratifie avec « Short Stories » d’une palette de couleur jusqu’alors absente de la pop et du folk qui agit comme un élixir hissant lentement et délicatement leur musique et l’auditeur jusqu’au septième ciel.

– Le site de [Glitterhouse Records->http://www.glitterhouse.com/
]