En attendant un prochain album studio, les Pastels nous livre la bande son du film « The last great wilderness » où les paysages des Highlands écossaises défilent devant nos yeux. Dix compositions où se mêlent bidouillages électroniques et acoustiques pour le plus grand plaisir des amateurs de grands espaces.


La musique de film est un exercice de style à part entière à condition qu’elle soit traitée avec tous les égards qu’on lui doit. Trop de bande-son sont en fait une compilation d’artistes qui refourguent une face b ou un remix sans trop se soucier de l’ambiance du film. Bien sûr dans le cas de commande, on peut comprendre l’implication plus personnelle des musiciens. Mais même dans ce cas là, le plantage n’est pas dispensé. Y a-t-il vraiment une recette pour à coup sûr garantir la mise en avant de l’atmosphère du film ? Si oui, les bacs des disquaires ne seraient pas si encombrés de sous Morricone, Mancini, Barry, Rota, Duhamel, Herrmann…

David MacKenzie, le réalisateur de « The last great wilderness », avait envisagé de travailler avec les Pastels dès 1999 sur le film « High tide » mais la collaboration n’avait pu aboutir à un résultat final, le film ayant été mis de côté. Toutefois, les bases de travail établies et une confiance mutuelle installée, MacKenzie refit appel aux écossais pour ce qui allait devenir son premier long métrage « The last great wilderness ». Un métrage qui conte l’histoire de deux hommes qui une fois leur voiture en panne, se retrouvent dans le last great wilderness, une sorte d’abri pour âmes perdues éloigné du monde.

Comme pour coller le plus possible à l’histoire du film qui se découpe en deux parties, les Pastels ont conçu un thème musical, Wilderness Theme, qui se décline en deux. Tout d’abord une mélodie douce où se mélangent une trompette à une sorte de carillon, puis le thème devient plus chaotique avec une musique plus enlevée.
Ainsi, sur Charlie’s Theme, les cuivres résonnent et donnent vie à la bande son pour finir dans un format pop plus classique avec la chanson I Picked a Flower, emmenée par la voix de Jarvis Cocker, peut être le tube qu’ont rêvé d’avoir les Pastels.
L’autre grand moment de l’album est la reprise du titre de Sly and the Family Stone, Everybody is a Star, qui touche l’esprit de l’auditeur au plus profond dans sa mélancolie.

Epaulé par le voodoo John McEntire (Tortoise) à la production, la bande-son The last great wilderness mêle les beats électroniques aux ambiances acoustiques et casse un peu la monotonie des compositions qui par moment tombent un peu dans une langueur sombre. John McEntire n’est pas le seul à se joindre à la fête puisque les Pastels ont invité Tom Crossley (International Airport), Gerard Love (Teenage Fanclub), Bill Wells et le crooner acteur Jarvis Cocker. En parlant d’acteurs, la plupart des membres des Pastels font une apparition dans le film en tant que villageois lors d’une veillée païenne et reprennent un de leurs morceaux fétiches Unfair Kind of Fame.

En attendant un retour promis depuis quelques années déjà, les Pastels transforment l’essai d’une musique de film avec The last great wilderness et gagnent le pari d’emmener l’auditeur au fil de l’écoute dans les Highlands écossaises. Comment reconnaît-on une musique de film réussie ? A créer ses propres espaces sans que la musique soit liée nécessairement aux images du film. C’est ainsi que la bande son prend tout son sens, elle devient alors à elle seule une authentique partition.

– Le site de [Domino Records ->http://www.dominorecordco.com/
] (Geographic étant une division)