Il faut saluer l’ampleur du travail accomplit par ces deux londoniens : une oeuvre marginale que l’on pourrait au départ classer dans le genre electro/pop, mais qui débouche finalement vers un pur album de pop baroque/barré. Une brèche dans le temps et un cadeau tombé du ciel.


Le nom de Slum, ça vous dit quelque chose? Le mini EP Twillight Mushroom, sorti en 1999, ça vous dit toujours rien? Et bien moi non plus, et autant vous dire que je le regrette. Car à l’écoute du premier album de Parsley sound, on a comme l’impression d’être passé à côté de quelque chose d’énorme.
Dany Sargassa et Preston Mead, ex-SLUM et actuels Parsley Sound sont des artisans du sublime, des maîtres en matière de fabrication pop qui ne doivent leur salut qu’à leur acharnement aigu à travailler et retravailler l’ouvrage jusqu’à atteindre quelque chose qui pourrait se rapprocher de la perfection. Pas étonnant alors de lire que nos deux zigotos ont mis près de cinq années pour aboutir à ce premier album d’une beauté sidérante.

Question productivité, Parsley Sound feraient passer Robert Wyatt pour Frank Black. Et encore, sur les onze morceaux que l’on peut trouver sur cet album éponyme, cinq étaient déjà sortis sur les trois précédents singles échelonnés jusqu’à aujourd’hui. Si on fait le total, ça fait la bagatelle de trois chansons enregistrées par an. Un peu mince. Peu importe, puisque nous n’avions jamais entendu parler d’eux avant, mais je plains le fan frustré de la première heure.

Enregistré, joué et produit à Londres dans leur propre studio sobrement appelé le Parsley Sound studio, Dany Sargassa et Preston Mead ne sont pas vraiment des nouveaux-venus. Les histoires de rencontre sont parfois d’une banalité exemplaire et celle-ci ne faillit pas à la règle : une fiesta bien arrosée dans les environs de Camden peut aboutir à une amitié réciproque. D’un côté un ex-musicien de session pour Bjork et Brian Ferry, de l’autre un musicien voguant de formations obscures en projets avortés pour finalement bricoler à son compte.

Si au départ, on hésite à classer Parsley Sounds dans une catégorie electro ou pop, on comprend vite que le talent d’écriture est ici largement plus aboutit que sur n’importe quelle oeuvre d’Electronica standard. Il est aussi intéressant d’observer comment ce groupe parvient à sonner, avec des moyens assez contemporains, comme un groupe de pop milléssimé 1966*.
En effet, en faisant abstraction de quelques ambiances électro, nous serions prêts à parier que ces chansons ont franchit quatre décennies musicales pour s’échouer sur notre platine, intact, aussi brillant qu’au premier jour, tel un Austin Power cryogénisé. On retrouve un peu cette pop ambitieuse et psychédélique d’une richesse infinie que l’on connaît chez Love, ou plus récemment chez Moose.

Que dire de ce morceau d’ouverture, « Ease yourself and glide », déconcertant de légèreté et de bonheur. « Twilight mushrooms » de par son titre se passe d’explications, on retiendra seulement que la voix d’une jeune-fille nous transporte vers des contrées inexplorées de la voie lactée.
« Ocean House » possèdent le parfum de ces classiques pop oubliés que l’on réédite de temps en temps tel un Colin Blunstone ou Twice as Much. « Neon Breeze » est un puzzle architectural qui ne dévoile ses mystères qu’après plusieurs écoutes, à chaque fois plus envoûtantes les une que les autres. « Platonic rate » est bouleversant et ressemble à une marche funèbre chantée par Ian Brown et accompagné par le groupe de Syd Barrett.

On retrouve éparpillé ça et là quelques touches modernes d’electronica (« Temple Church mansions ») qui nous rappelle que nous sommes bien au XXI eme siècle, ce qui est d’autant plus troublant. N’oublions pas que nos deux londoniens furent d’abord signés chez Warp (un gage d’excellence à lui tout seul) avant d’atterrir dans la sous-structure Mo’wax.

Vous l’aurez compris, je suis complètement tombé accro de ce disque, petit bonhomme de neige de fortune durant ces vacances arides. Si bien que je me trouve au même point que ce maudit fan de la première heure : espérer un hypothétique second album avant 2008. D’ici là, s’il faudra attendre toute une vie pour atteindre le Nirvana, je veux bien faire un pacte avec les Parsley Sound.

-Le site de Mo’Wax