Songwriter talentueux et pourtant peu connu, Stephen Duffy tisse sur Keep going – déjà le septième album avec The Lilac Time – une country-folk des plus passionnantes. En attendant que le vent tourne pour l’ami Duffy, laissons-nous emporter par le plaisir que procurent ses vagues à l’ame.


Un jour lorsqu’il sera temps de se pencher sur cette bonne vieille machine qu’est la pop musique et qu’il faudra déterrer les trésors enfouis du passé, peut être que certains artistes morts au champ de bataille seront redécouverts et appréciés à leur juste valeur. On ne compte plus les songwriters talentueux qui malgré une critique enthousiasmante restent ignorés du public. On se souvient de peintres démunis de leur vivant et célébrés des années après leur mort. Malheureusement ce fléau ruine aussi les musiciens.


L’art avec ces ramifications affranchies est et restera toujours un centre d’intérêt à la fois exigeant et élitiste puisque trop souvent il faut emprunter des chemins non balisés pour avoir accès à ses richesses si bien protégées.
Malencontreusement, le mea culpa des défricheurs éclaireurs du moment arrive souvent bien tard.

Stephen Duffy dit « TinTin » est de la trempe de ces musiciens qui se battent jour après jour depuis presque vingt ans pour une reconnaissance de son oeuvre discographique. Honteusement peu connu, l’ex-membre fondateur de Duran Duran a pourtant tout de promis, un chant et une écriture des plus sensibles et soignés, inspirés par les Kerouac, Ginsberg, Dylan, Hardin. Ce septième album composé avec le groupe fondé avec son frère Nick, The Lilac Time, impose par sa richesse musicale, mêlant des morceaux concis à des arrangements discrets mais bien venus.

Avouons le, si on aime tant Stephen Duffy c’est du fait peut-être pour notre penchant pour ses magnifiques losers qui en dehors des courants publicitaires poursuivent leur chemin en proposant une musique qui parle et nous touche au plus profond. Comment ne pas ressentir de telles émotions lorsque sa voix vibre sur des envolées country-folk comme « Nothing can last »?.
Et des purs moment de plaisir, Keep going en regorge. Stephen Duffy parle aux gens qui prennent le temps d’écouter, de se perdre dans les dédales de la pop-musique où la douceur de ses mélodies paraîssent fragiles et apaisantes. Car le secret du charme envoûtant de chansons comme « so far away », ou « the 12 tones » réside dans une composition sans prétention, à la fois simple et soyeuse.

Entouré de musiciens tout aussi talentueux les uns que les autres, Duffy dresse un ensemble musical aux couleurs harmonieuses entre le banjo, l’harmonica, la pedal steel. Se dotant d’une production d’une extrême finesse, chaque chanson est façonnée avec application et sincérité. Les chansons d’amour n’ont plus alors le même goût amer, surtout lorsqu’une voix féminine résonne dans les choeurs.

Et même si les volets sont tirés sur certaines chansons intimistes, la lumière pénètre ses ballades lancinantes et éraillées. A pas feutrés l’auditeur s’immerge dans ces climats personnels livrés avec autant de pudeur que d’intimité.

La musique de Stephen Duffy est en prise directe sur la vie, son environnement personnel. Afin qu’elle ne reste plus inaperçue, Militons pour que cet auteur connaisse plus qu’un succès d’estime, mais le salut public mérité après tant d’années au service d’une pop raffinée. Qu’il puisse continuer à nous émerveiller et que ses disques ne disparaissent pas des bacs à soldes, tout simplement keep Going!

– Le site de Stephen Duffy (titres en mp3)