Peace is tough est bien à l’image de notre époque : les mérites de la mondialisation sont utilisés ici pour dénoncer les dangers de la globalisation. Le trio allemand nous livre un mariage réussi entre raggamuffin, rock et electronique expérimentale pour tenter de recycler tout en innovant le genre du trip-hop.
On reparle beaucoup de l’Allemagne comme étant « ze place to be » pour ce qui concerne la musique électro en général. Les noms de Miss Kittin et de Gonzalez sont là pour le prouver. Cette référence allemande va chercher sa source chez Kraftwerk, qui est ni plus ni moins Le groupe qui a donné naissance à tout le phénomène electro et à ses dérivés. Le trip-hop, comme l’out-rock (To Rococo Rot ou Tarwater), est un genre à part entière qui se classe générallement dans l’électro, est qui est lui aussi très bien représenté par les saxons (Kruder & Dorfmeister, Sofa Surfers et Terranova).
Turntable Terranova naît à Berlin au milieu des années 90, résultat de la rencontre du DJ Berlinois Fetisch, nourri aux sons du hip-hop new yorkais, du pianiste à l’éducation classique Marco Meister et du DJ Kaos. Le trio sort quelques maxis mélant le hip hop et la musique électronique. En d’autres mots, du Trip-hop. Ils se cantonneront au début au milieu dance allemand, puis anglais, notamment grâce à l’apport de Manuel Goettsching. Leur premier album DJ Kicks (1997) les fera comparer aux pionniers du genre que sont les autrichiens Kruder & Dorfmeister, avec tout de même un côté très hip hop sur les différents morceaux.
En 1999, Terranova sort l’album Close The Door, dont est extrait l’excellent « Bombing Bastards » , un beat très trip-hop avec des textes murmurés par Tricky sur des nappes de musique classique. L’album Hitchhiking Non-Stop With No Particular Destination voit les membres du groupe changer de nom (encore une fois) et créer un nouveau label par la même occasion : Edition Terranova. Le rapprochement avec les Stereo MC’s devient de plus en plus évident, surtout aussi depuis que Cath Coffey, membre du groupe anglais, chante sur nombre de leurs morceaux.
De nouveaux noms font leur apparition dans le collectif. Tout d’abord Shapemod, désormais responsable de la guitare et de la basse. Ensuite Ari Up, chanteuse du groupe punk de la fin des années 70 The Slits, qui collaborera dorénavant, tout comme Cath Coffey, aux différents projets du groupe.
Le trio est donc de retour pour un album qui fait l’effet d’un coup de poing pour un groupe de Trip-hop. Alors que la musique électronique semble en pleine crise, avec le retour du punk et du rock-garage, ceux qui ont par le passé écrit l’histoire du genre ont intérêt à innover ou à recycler. Terranova, qui est revenu à sa dénomination la plus simple, semble délaisser le hip-hop masculin pour le hip-hop féminin comme l’atteste par exemple le très raggamuffin « When in Rome… ». Le style éléctronique soft laisse la place à un beat plus agressif et plus rapide, tantôt proche de Dot Allison, avec un son rock qui est ici une réelle surpise, tantôt des Sofa Surfers avec un son reggae-dub.
On peut même pousser la comparaison avec Prodigy, sur « Rhythm without a pause » par exemple, où une certaine Beautiful Jewel, artiste de cirque, y récite des textes russes sur un tempo d’enfer et des saturations endiablées. Les distorsions diverses (« Kiss ») sont d’ailleurs légion ici, et c’est ce qui surprend l’auditeur. C’est certainement l’époque qui veut ça non ?
Le disque comporte une vivacité qui fait du bien au pied qui tape la mesure. « Runningaway » rappelle le Rhythm and Stealth de Leftfield. Le titre caché, « Hell Again » est très proche de ce que font les Chemical Brothers. Quelques clins d’oeil parsèment certains titres, comme le refrain de « Rockmongirl » qui réssucite Siouxsie sur les rythmes des Beastie Boys, version Licence to Ill. Comme le chant bidouillé sur « Walk with me », qui nous rappelle Red Snapper.
Tous ces noms, qui ont fait la gloire de l’électronique et du Trip hop attestent de la capacité qu’à ce style de musique à perdurer en recyclant les genres.
-Le site de Terranova