Justine Frischmann, Ed Harcourt, Cery Matthews et Doctor Fink figurent sur les crédits du premier album de Pleasure, mélange subtile de genres dérivés de l’electro-pop. Malgré quelques pertes de régime, l’objet recel de p’tits trésors non négligeables.


Un premier album d’un musicien inconnu au bataillon qui se pointe avec en sus une liste de guest-stars vertigineuse peut facilement agacer. Outre le fait que l’objet rentre dans un jeu où il risque haut de ne pas affirmer sa propre personnalité, d’autres facteurs peuvent s’immisser dans l’appréciation finale : souvenez-vous l’année dernière de Trash Palace, sorti également chez Discograph. Malgré ses bonnes intentions, notre bon Dimitri Tikovoï a reçu une volée de bois vert de la part de certains critiques qui n’avaient pas attendu que l’album sorte pour le fusiller. Objet du délit : une ribambelle de stars (Murat, John Cale, Brian Molko…) et un concept jaseux, invitation à la luxure des plus déconcertantes. Bref, on a plus parlé du concept que de la musique, à tort, car l’album possédait tout de même quelques passages mémorables.

Tout ça pour vous dire qu’un artiste qui débarque avec un premier album est généralement vu d’un mauvais oeil. Rarement l’alchimie fonctionne. Permettons-nous donc de douter lorsqu’en plus, notre nouveau candidat pose sur la couverture de l’album en compagnie d’une panthère et porte une casquette rétro avec la mention affligeante : « I Love Michael ». Là aussi dur, il n’est pas de bon ton actuellement d’adorer Bambi. Bon alors, qu’est-ce qu’on fait? On pose quand même une écoute sur cet album? Allez zou!

Selon la biographie officielle, Pleasure, aka Fred Ball fait parti de cette catégorie de touche à tout prodigieux. Son but dans la vie : nous procurer du plaisir, d’où le titre. Pas bête. Ce p’tit norvégien de 25 ans exilé à Londres travaille seul depuis 2001 sur son album. Self-made-man accompli, il écrit, produit et arrange ses chansons. Son seul défaut, Fred ne chante pas. Qu’à cela ne tienne, il va inviter de vraies voix !

Présents donc au bataillon : Justine Frischmann, (l’ancienne Elastica devenue présentatrice d’une émission de déco sur la BBC), Ed Harcourt petit prodige anglais se voulant nouveau Brian Wilson et Cery Matthews, l’Ex-Catatonia depuis en solo. Là-dessus, on apprend que le claviériste attitré de Prince, Doctor Fink, est venu prêter main forte à l’ouvrage et que Tim Holmes (l’autre moitié de Death in Vegas) a effectué quelques remixes en vu de quelques face B à venir. De quoi changer notre premier point de vue sur la chose…

Et le moins que l’on puisse dire c’est que le champ musical du norvégien brasse large : électro, pop, disco, Soul et instrumentaux new jazz, Floydien ou Airien c’est selon. Il y en aura pour tous les goûts et on pense forcément beaucoup au second album des Tommy Hools (chroniqué également ici) pour le concept en général.

Et il ne faut pas beaucoup de temps pour attendre les bonnes surprises. Dur de résister à l’offensive tubesque de « Don’t look the other way », la voix décadente de Miss Frischmann fait ici merveille et balance son refrain en abondance sur un tempo relevé, prêt à faire trembler les dance-floors les plus récalcitrants. « All I want » est du même tonneau, une joli electro pop coloré qui retient l’attention et rappelle un peu les nouvelles expérimentations de Goldfrapp.

Le second challenger de la liste, Ed Harcourt, est à mon humble avis le pari plus réussi. Le chant particulier du songwriter anglais booste une composition pop qui ne demandait qu’à être transcendée. Vient ensuite le moment où Cerys Matthews montre de quel bois elle se chauffe sur « Stories », une ballade baroque aux charmes attrayants. Enfin, dernière bonne surprise, « Sensitivity » louche fortement sur du Prince période « Around the world in a day », soit sa période la plus psyché.

Il fallait s’en douter, ça se gâte un peu sur la longueur, mais les inconditionnels des artistes cités précédemment peuvent se jeter les yeux fermés sur cet album. Et puis pour un premier essai, Pleasure détient assez de bonnes promesses pour que le prochain coup soit plus que concluant. Vraiment, Il y a de quoi se demander comment de tels inconnus parviennent à être aussi vernis. On doit sûrement appeler ça du talent…

-Le site de Pleasure