Comme sur la pochette, ce premier album de la énième sensation anglaise est un véritable « Bumper 12 song Compendium ». Simple mais efficace.
Dans la lancée de Franz Ferdinand, les Strokes, Interpol et The Hives, le costume ¾ est devenu le nouveau credo pour ouvrir en grand les portes du NME. Et les stéréotypes dans le rock sont tenaces. Prenez Kaiser Chiefs… la première fois que notre regard a croisé leur chemin, c’était donc en couv’ du NME. On n’avait pas encore écouté leur musique qu’on savait déjà, rien qu’à leurs fringues, qu’on aurait droit à un mélange improbable entre Franz Ferdinand et The Hives. Bon après écoute, ce n’est pas tout à fait ça, mais tout de même, on n’est pas passé loin. Les coeurs opportunistes ont pigé que pour être à la page, rien ne vaut mieux que de jouer la carte de l’esbroufe et l’allure.
Derrière l’emballage, le contenu de Kaiser Chiefs se contente de moins de chichi. Umployement est un premier album de brit pop conventionnel, mais possède tout de même d’excellents atouts pour s’immiscer dans le créneau juteux ouvert par Franz Ferdinand, puis ébréché par Dogs Die in Hot cars et Bloc Party. Doué d’un certain sens de la mélodie qui fait mouche emprunté aux années Peugeot 205 ou Turbo II (selon les goûts), le gang de Ricky Wilson (chanteur « élégant », on insiste), et ses gros bras ‘Whitey’ (guitare), Simon Rix (basse), Nick ‘Peanut’ Baines (claviers) et Nick Hodgson (batterie et chant) aime visiblement les refrains efficaces.
Comme tout jeune pimpante, Kaiser Chiefs a du mal à cacher ses influences. La recette n’est pas très originale ces temps-ci : un peu de XTC par là, une pincée de punk rock tendance Buzzcocks, le tout saupoudré de Blur allégé. D’ailleurs, Employment est produit par Stephen Street, illustre producteur de la période Brit pop de la bande à Damon Albarn (mais aussi des Smiths, New Order…), et ça s’entend.
Introduit par un son synthétique digne d’un jeu Atari 500, “Everyday I Love You Less and Less”, laisse pourtant vite entendre que la distorsion demeure le véritable leitmotiv du groupe. Même s’ils ne l’admettront jamais, Kaiser Chiefs pourrait très bien se passer de son clavier, l’instrument n’apportant finalement que la touche « fun » (à l’exception de deux morceaux).
Ce quintette de fêtards originaires de Leeds soigne donc son apparence, mais ne peut cacher son amour des riffs explosifs bien gras et des cocktails punk molotov. Sur “Oh My God”, on ne peut s’empêcher de penser à l’intouchable “Dear God” de la bande à Andy Partridge, pas vraiment valorisant, lorsque “You Can Have It All”, plus romantique et posé, ferait un single parfait. Le disco « grease » “Saturday Night” se veut irrévérencieux, plaçant un vieux riff de Black Sabbath en plein milieu du morceau.
Lorsque Kaiser Chiefs est emporté par l’élan, il faut avouer que certaines mélodies viennent s’ancrer fermement dans nos cellules grises. Le puissant “I Predict A Riot”, placé judicieusement en seconde plage, se veut fidèle à la tradition, remettant une seconde couche d’énergie. Rien qu’avec son titre, “Na Na Na Na Naa” se passe de commentaire, laissant parler l’instinct primal de l’hymne pop sympathique et déjanté. Cette folie avenante demeure l’un des points forts du groupe, qui finalement pourrait faire la différence avec le trop plein de sérieux d’un Bloc Party.
En-dessous des Futurheads, mais au-dessus de Dogs Die in Hot Cars, Kaiser Chiefs est assurément un groupe agréable. Avec une bonne poignée de chansons efficaces, on ne se fait pas trop de soucis pour ces jeunes hommes de Leeds, d’ailleurs signés chez Universal et dont l’engouement général a déjà fait le reste.
-Le site officiel de Kaiser Chiefs