Bloc Party ouvre à son tour la porte à des groupes du même gabarit. Ici, pas étonnant, puisque c’est le même label. Aurait-on droit à un nouveau Creation records rayon flair ?
The Rakes est le nouveau « petit » groupe anglais qui arrive à point. Non seulement le patronyme « The » va jouer en sa faveur, car les aspérités peuvent évoquer The Strokes, mais également la fougue punk, le look à la Franz Ferdinand et l’énergie à revendre qu’ils semblent nous réserver vont à coup sûr faire de ce groupe la nouvelle coqueluche anglaise.
On sent bien que cette formation a grandi sur les planches, à la sueur de son front, avec la rage au coeur de réussir dans le rock, avec l’ambition de ressusciter le punk de papa (l’affiche arborant un London Calling derrière eux se passe de commentaires), tout en sachant bien qu’elle marche sur les platebandes – laissées vierges ceci dit – par les Libertines, dont la récente hype autour des Babyshambles semble signer la fin…. Enfin, vous l’aurez compris, nous naviguons ici sur des eaux bien connues des punks, avec des chants fédérateurs, une basse très ferme mais ronde, une batterie hachée et des riffs de guitare percutants. A la sauce moderne, c’est à dire pop, arty et humoristique.
Ils sont quatre, et se sont tous rencontrés à Londres. Alan Donohoe au chant (que l’on dit grand érudit de littérature, et qui, sur scène, ressemble à Ian Curtis – parfois même dans le chant – et Javis Cocker à la fois), Jamie Hornsmith à la basse, Lasse Petersen (le danois aux lunettes kitsch) à la batterie et Matthew Swinnerton à la guitare et au chant (que leur producteur n’hésite pas à dépeindre comme un génie). Dès la première écoute, on est pris par l’hameçon. Les mélodies y sont évidentes, quand pas entêtantes, et l’on se découvre un sourire sur la face à l’écoute des titres qui défilent. Le pied qui bat à la cadence aussi.
Comme pour Bloc Party (avec qui ils partagent le même label, Trash), l’attaque se joue en deux parades : le EP Entreat, aussi court que possible (10 minutes au compteur), pour bien titiller – avec force succès – tout le monde. L’album, Capture/Release, qui est prévu pour le mois d’août achèvera de convaincre, car aucun titre n’y est à jeter, et pour cause, puisqu’il reprend les deux meilleurs de l’EP, dont « Strasbourg », aux lyrics teutons bien amenés et exhibant un bel humour de circonstance. Mais on est tout de même loin de la niaiserie des paroles des Strokes, car on se veut ici engagé et révolté.
“Binary Love” et “We are all animals”, outre leurs paroles criantes de vérité « vraie », rappelleront Bloc Party et son funk punk. Plusieurs fois ils seront d’ailleurs évoqués, puisque la batterie et la basse de “T Bone” sont du même acabit. En fait, The Rakes arrive à allier la pop des Strokes, l’énergie des Libertines (“Open Book”) et de The Clash (effarant sur le single “work, work, work (pub club sleep)”) tout en ne se prenant pas au sérieux. Comme pour Joe Strummer, on serait prêt à parier que les protagonistes ici écoutent du reggae : pour preuve, “Violent”, qui sous des semblants de punk primaire cache une basse et une batterie influencées par les sons issus de Jamaïque. A propos de reggae et des paroles de “work, work, work (pub club sleep)” sur le train-train quotidien des boulots de bureau, on pensera également au plus récent « First day » des Futureheads.
Enfin, “The guilt” résume bien le groupe : « I just woke up, like a heart attack, everything was fucked ! The guilt won’t leave my circulation», le tout servi sur un plateau flamboyant aux guitares criardes et aux chants rassembleurs.
Le site de The Rakes