Empiétant sur les plate-bandes de Death Cab For Cutie, ce combo australien, excellent au demeurant, manipule avec dextérité les arpèges obsédés et les ballades minées.
Ne pas se fier à ce gros nounours rugissant déjà aperçu sur les visuels de My Morning Jacket ou Hayden, Youth Group n’est pas un nouveau vaillant porte-parole des valeurs de l’Americana. Non, ce groupe australien vole plutôt vers les astres d’un rock lumineux et héroïque, avec pour premier ascendant l’étoile Death Cab For Cutie. Le mimétisme vocal entre Toby Martin et son modèle Ben Gibbard est troublant, l’accoutrement des guitares également.
Et c’est d’ailleurs là que ça coince… Prêter une oreille à un disque comme Skeleton Jar, second album de ce quatuor, relève d’un dilemme sentimental antédiluvien : l’infidélité. Car depuis le coup de foudre engendré par l’écoute de Transatlanticism, le The Bend des années 2000, nous entretenons avec la musique de Ben Gibbard et Chris Walla une relation particulière. En cela, Youth Group est un peu notre « briseuse de ménage » potentielle.
Car la tentation est bien là. Faut-il alors briser une relation heureuse pour tomber dans le piège des jeux éphémères ? On ne connaît que trop bien le prix à payer de ces égarements, et surtout les remords qui nous poursuivent. Bien sûr, la passion a connu des hauts et des bas, de nombreux moments de bonheur et de complicité. Et puis il faut l’avouer aussi, au bout d’un certain temps, nous sommes un peu tombés dans un cercle vicieux et routinier (c’est un peu normal avec un disque)… nous nous sommes éparpillés, séparés quelques temps, histoire de faire le point (le disque est retourné voir sa mère l’étagère, rangé au côté des ses trois opus ainés). On a forcément eu besoin d’aller voir ailleurs, histoire de savoir si c’était mieux – Youth Group par exemple. Et puis une fois qu’on a vu, comparé, et bien on revient et on jure qu’on ne nous y reprendra plus.
Il ne faut pas croire que Youth Group est un groupe exécrable, au contraire, il mérite autant d’attention que d’autres groupes anglais affichés en une du NME. Il y a d’excellents moments sur ce disque, des instants sur la brèche balancés par des arpèges obsédants, une voix haute s’inclinant sur de belles tensions rock et quelques ballades crèves-coeur. Mais… il y a un petit quelque chose qui nous empêche de rentrer de plein fouet dans le disque. On en serait même tombé amoureux, si l’on n’avait pas écouté Transatlanticism avant. C’est juste que le coeur est déjà pris.
Alors que sort au même moment le nouveau « Plan » de bataille de Ben Gibbard et Chris Walla, Youth Group a vraissemblablement usé d’un mauvais sens de timing et fait figure de second couteau. Y a-t-il véritablement matière à compétition entre le charisme d’un Steve Mc Queen et celui d’un Jude Law ? On sait très bien qu’on préfèrera le modèle original… On gardera tout de même un oeil sur les agissements de ce groupe de jeunôts, au cas où la flamme serait amenée à s’éteindre un jour. Incorrigible nature humaine…
-Le site de Youth Group