Si quelqu’un vous demande « C’est quoi l’indé? ». Offrez-lui ce disque, indé de A à Z! S’il aime, c’est qu’il aime l’indé. Sinon, laissez tomber!


Nous allons aujourd’hui parler de Troy Von Balthazar. Non, il ne s’agit pas d’un baron allemand qui se serait lamentablement écrasé au bord de son avion militaire lors de la guerre 14-18, mais de la dernière découverte, perle rare de notre cher Inrock-culcul-ptibles. Il s’agit du dernier petit disque indé « lu et approuvé » par les inrocks et qu’il faut – donc – absolument se procurer.

Mais qu’est-ce que l’indé finalement me demanderez-vous? Et bien, dans ce cas-ci, le nom de l’artiste (son look aussi) et la pochette, ainsi que le livret fait de copié-collé en tous genres, vous donnent déjà quelques indices. Il s’agit souvent d’une musique minimaliste, faite de façon dilettante, qui sacrifie les moyens pour ne pas trop bien faire (bruits de souffle, production aproximative), que ce soit volontaire ou pas d’ailleurs. On a donc droit à une musique faite par un génie qui soit s’ignore, soit le sait mais ne veut pas trop le montrer, et finit souvent par bâcler en quelque sorte son travail. Une façon souvent de donner l’impression (on suit ? Sinon, prenez des notes) qu’on est ultra méga cool alors qu’en réalité on est un angoissé de la mort (qui tue), allant chercher midi à quatorze heures et s’interrogeant sur le pourquoi il faut déjeuner à heure fixe… Damon Albarn a par exemple sorti son petit disque indé minimaliste lo-fi (lisez merdique au niveau de la production) : c’est-à-dire qu’on a fait avec les moyens du bord (lire, si on en avait, on les a ignorés). Bon, ça faisait un petit moment que ce genre de paragraphe chatouillait le bout de la plume…

Ceci dit la musique de Troy von Balthazar est intéressante à plus d’un titre. Variée. Souvent accompagné d’une guitare sèche ou d’un piano (instruments on ne peut plus indé), l’américain qui officiait auparavant dans un groupe tout ce qu’il y a de plus indé – les nerveux Chokebore – chante d’une voix tantôt lèche-micro, tantôt à 10 mètres de celui-ci. Nouveauté, c’est un label français – Olympic (Dominique A, Françoiz Breut) – indé, cela va de soi, qui a signé l’artiste. Il a été enregistré à Leipzig (dans un grand appartement très froid nous dit-on dans le livret) mais aussi à Berlin, dans le nord de la France ou Los Angeles. Les paroles sont, selon le point de vue, recherchées ou prise de tête. « Rainbow » vient faire son petit hommage aux Pixies (groupe indé de chez indé), avec des sons stridents et punk. C’est d’ailleurs le seul délire véritablement punk du disque, le reste flottant plutôt à la surface du folk-rock adouci mélodique minimaliste. Il y a aussi – époque oblige – des titres foutraques qui semblent mettre en exergue des instruments Fisher Price comme sur « Bad controller ».

Enfin, des voix féminines très plaisantes (surtout celle d’Adeline Fargier) viennent saupoudrer ici et là les titres. On s’imagine souvent à l’écoute de ses voix de sirènes des filles superbes alors qu’il s’agit trop souvent de cageots… Si c’est celle en photo dans le livret, elle est pas mal… C’est en tout cas les deux chansons où elle apparaît qui retiendront le plus l’attention. « Real Strong Love » est un sommet du genre.

En résumé, ceux qui aiment l’indé peuvent se jeter les yeux fermés sur ce disque : il n’y a pas tromperie sur la marchandise. Les autres, ceux qui n’ont jamais compris tout ça et qui n’en ont rien à carrer, peuvent passer leur chemin…

PS Précisions que cette chronique a, sur le modèle de la caricature, forcé les traits.

Le site de Troy von Balthazar

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