Vous êtes une personne vraiment cool, et vous souhaitez plus que tout vous la péter en soirées mondaines, en balancant de-ci de-là un nom de groupe bien hype, qui épatera tous vos amis ? Alors venez jeter un coup d’oeil à cette chronique. Mais si la « parade du loup » vous est encore étrangère, désolé mon petit monsieur, mais vous n’êtes pas encore très tendance !
L’an dernier vous faisiez le fier en donnant de l’Arcade Fire par ci, de l’Arcade Fire par là. Et puis l’été est venu, et vous vous êtes mis à taper dans vos mains et à crier Yeah !, en écoutant le combo de Brooklyn éponyme. Et puis l’hiver est arrivé, et vous vous êtes dit : qu’est-ce qu’on va écouter maintenant ? Pas de panique, détendez vous, voici du nouveau, arrivé tout droit du Canada, décidémment bouillonnant depuis quelques temps : Arcade Fire, Broken Social Scene, Unicorns, Feist, Stars, Metric… Wolf Parade est composé de deux figures du rock indépendant local : Spencer Krug, ancien membre de Frog Eye et Destroyer et Dan Boeckner, auparavant membre du groupe Atlas Strategic.
Tout comme Arcade Fire et Clap Your Hands Say Yeah! ou plus récemment Artic Monkeys, les Wolf Parade ont bénéficié d’une nouvelle méthode marketing qui est en train de coiffer les médias spécialisés sur le poteau : l’engouement des fans sur internet. Apres avoir fait monter progressivement le buzz, leur premier album compile un peu les meilleurs moments des trois excellents EPs sortis auparavant, plus quelques inédits. Dénotant du lot par une approche sonique indéniablement revigorante, le disque est produit par Isaac Brock, de Modest Mouse, une vieille connaissance du groupe qui leur a permis de signer chez Sub Pop. Mais sont-ils cependant si intouchables qu’il n’y parait ? Pas si sûr…
L’album debute avec « You Are A Runner And I Am My Father’s Son », excellente synthétisation du style Wolf Parade et qui nous suivra jusqu’à la dernière plage du disque : batterie très portée sur les cymbales, claviers aux sonorités étranges, mélodies alambiquées et surtout les voix exténuées des deux chanteurs, Dan Broekner et Spencer King. Pour en revenir à nos chers amis d’Arcade Fire, disons que l’exaltation vocale égale sans problème celle de leurs amis compatriotes.
On passe ensuite au morceau suivant, « Modern World ». Sans doute le chef-d’oeuvre de cet album. La voix est posée, ne part pas dans les excès du premier morceau, calmé par une guitare boisée superbe. Une pièce sobre et très touchante. On ne peut pas vraiment dire la même chose des trois titres suivants, assez faibles et trop excessifs (au niveau des claviers et du chant). Mais si vous êtes patient, vous trouverez un autre chef-d’oeuvre avec « Same Ghost Every Night », une subtile combinaison de claviers et de guitares.
Et puis, malheureusement, encore quelques morceaux mineurs à passer, avant de tomber sur une autre perle, la dernière de l’album, « This Heart Is On Fire ». Ce coup-ci, l’intro aux claviers ne donne pas la nausée, et le riff de guitare est jouissif. Mais bon, ca y est, l’album est fini. Et on ne retient au final que trois, voire quatre morceaux majeurs : Wolf Parade méritait-il un accueil aussi chaleureux, quand un groupe comme The Unicorns a sorti un album exceptionnel avec un buzz bien plus discret ?
Car oui, Wolf Parade a beau être le groupe dont tout le monde parle, leur baptème du feu n’est certes pas parfait. L’usage abusif de claviers bizarres, parfois lourdingues, entache quelque peu les chansons. Même reproche pour la voix, souvent utilisée à tort et à travers, qui donne le sentiment de parfois trop en faire.
Bref, allons droit au but : pour un premier LP, Wolf Parade semble s’en être tiré haut la main, en tout cas au vu des critiques dithyrambiques lues sur Internet. Cependant, restons modérés et gardons la tête sur les épaules : au final, sur les douze titres de l’album, quatre sont vraiment bons, deux autres corrects, et le reste fait plutôt office de bouche-trou. Alors, Wolf Parade amêne son petit quelque chose dans le circuit du rock indie, c’est clair, mais de là à reserver un accueil presque aussi énorme qu’à Arcade Fire, il ne faut quand même pas exagerer.
– Le site de Subpop.