Depuis 1999 et son second album, Lauren Hoffman n’avait plus donné signe de vie musicale. A 28 ans, l’américaine fait reparler d’elle en publiant ces jours-ci Choreography, composition au vocabulaire soigné et toujours aussi personnel.


La dernière fois que l’on avait croisé Lauren Hoffman, elle se produisait dans un bar irlandais au coeur de la place Plumerau de Tours. C’était en 1999. Prolongeant la magie entretenue dans son deuxième album From the blue house, cette tournée plutôt intimiste contrastait avec les sirènes du succès hexagonal rencontré deux ans auparavant lors de la sortie de son premier essai Megiddo. Puis plus de nouvelles pendant trois ans jusqu’à ce qu’on apprenne par un ami que la jeune femme avait arrêté la musique pour se consacrer à la danse. Confrontée à la dure loi du music business, l’américaine, perdant ses illusions de « célébrité », avait privilégié une vie plus conventionnelle à une plus bohémienne. Ses amours de première jeunesse la rattrapant, la voilà aujourd’hui de retour sur la scène discographique.

Choreography, troisième album dont le nom rappelle sans aucun doute sa deuxième passion, est de la veine de Megiddo, en plus apaisé. Passé un premier titre assez faible, le suivant « As the stars » balise un chemin plus fréquentable dont la balade mélodique vaut le détour. Les suivants dessinent les lignes harmoniques d’un album aux mélodies plus franches, plus sûres, plus matures que par le passé. Entre lenteur vertigineuse empruntée à Elysian Fields et pop sautillante à la Cardigans, on retiendra de cette renaissance une envie d’enrichir son vocabulaire musical d’une palette bigarrée. Alliant légèreté et gravité sur plusieurs titres, « Love gone wrong » – « Joshua », ce nouveau recueil de chansons affine les traits de l’orchestration en insérant dans les arrangements quelques notes de cuivres et cordes juste assez prononcées pour animer le chant de la jeune femme. Accordéon, violoncelle ou trompette soulignent cette poésie de la rencontre du danger et du silence.

Bien que le disque ait été conçu en clair-obscur, le folk des premières heures est vite oublié se perdant par moments dans les méandres d’une power pop pas toujours bien maîtrisée. Omettant les germes peu fertiles de « Solipsit » ou « Reasons to fall », trop conformistes à mon goût, on se tournera davantage sur les « White sheets » ou « Hiding in plain sight » à la singularité naissante. Ainsi, ce dernier calibré pour les radios campus avec sa mélodie accrocheuse et son riff de guitares tranchant devrait sans aucun mal se faire une place dans les charts pour adolescents rebelles, mais pas trop quand même !

Toujours aussi attachante, la musique de Lauren Hoffman s’est parée d’une matière à la fois dense et aérienne, sincère et murmurante. Dans une pose lascive et langoureuse, comme sur la pochette de Choreography, la jeune femme peut (re)penser aux lendemains qui chantent. Le mérite de ce nouvel opus est d’exister pleinement et d’être en harmonie avec son auteur, avisée et réservée. Pour un retour en piste ce n’est déjà pas si mal.

-Le site de Lauren Hoffman

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